Des centaines d'élus, de parlementaires et de membres d'organisations non gouvernementales (ONG) ont assisté, hier, à l'ouverture de la Conférence internationale des villes jumelées et solidaires avec les villes du Sahara occidental. Ils sont venus des cinq continents pour apporter leur soutien et joindre leurs voix à toutes celles qui se sont déjà élevées contre l'annexion du Sahara par le Maroc, mais aussi, pour dénoncer la répression des Sahraouis qui vivent depuis l'année 1975 la terreur et l'humiliation infligées par le royaume chérifien. La rencontre, organisée dans une immense tente dressée pour la circonstance au niveau de l'Hôtel Safir sur la côte ouest d'Alger, a vu la participation de nombre d'élus du vieux continent, notamment de France et d'Espagne qui n'ont pas hésité à dénoncer les positions officielles de leurs pays respectifs sur un conflit qui n'a que trop duré. Le député maire français, Jean Paul Le Coq, n'a pas mâché ses mots hier lors de son intervention, en parlant de politique de deux poids deux mesures adoptée par Nicolas Sarkozy qui, d'un coté, exhorte le monde à aider Israël à se sortir du pétrin dont il s'est mis et, de l'autre, accorde un soutien indéfectible à son ami le roi. «L'amitié franco-marocaine ne doit plus être un frein au règlement de la cause sahraouie», a déclaré le député maire qui a regretté en marge de la conférence d'Alger que, malheureusement, la position de la diplomatie française, représentée par Bernard Kouchner, ne semble pas fléchir et continue de soutenir le Maroc. Le Coq, dont la mairie finance des actions humanitaires au profit des Sahraouis mais aussi paie des avocats en France pour défendre les militants de la RASD, a appelé solennellement l'ONU à respecter les résolutions rendues au nom du peuple sahraoui pour que les peuples respectent à leur tour cette organisation. La présence de centaines d'élus de tous les continents à la conférence d'Alger est une preuve qu'il y a une volonté des peuples de libérer d'autres peuples, dira pour sa part Pierre Gallan, président de la Coordination européenne de soutien au peuple sahraoui (EUCOCO). Ce denier, en faisant allusion aux positions de certains gouvernements européens, dira qu'il n'y a pas d'exception de guerre ou d'occupation et que le droit international est le même pour tous. Le sénateur bruxellois dira qu'entre l'Afrique et l'Europe, il existe deux plaies ouvertes, la question palestinienne et le problème du Sahara occidental. L'homme, dont le combat aux côtés des Sahraouis remonte à plus d'une trentaine d'années, ajoutera que le maillage des élus avec les ONG sera d'un grand apport dans la sensibilisation des peuples à la cause sahraouie. Pierre Gallan a, par ailleurs, souligné qu'une motion de soutien au peuple sahraoui a été préparée par des élus pour être présentée au Parlement de Bruxelles, mais que certains «manipulateurs» ont fait courir le bruit que des troubles risquent d'avoir lieu dans les quartiers marocains en Belgique si une motion venait a être soumise à l'Hémicycle. Le président de l'Eucoco sourit et dira que «notre message est celui de la paix et de la coexistence des peuples». De son côté, le Premier ministre de la RASD, Abdelkader Taleb Omar, n'a pas hésité à relever le «caractère négatif» de la position française qui est en partie, souligne-t-il, responsable de «l'intransigeance» du Maroc à continuer à ignorer la communauté internationale. Le Premier ministre a dénoncé, en outre, le pillage des richesses de son pays par le Maroc et l'Union européenne (UE), qui ont conclu des contrats de partenariat sur des territoires qui ne leur appartiennent pas. «Le Sahara occidental, une fois indépendant, sera aux avant-gardes de la lutte contre le trafic de drogue, le terrorisme, l'immigration clandestine et la criminalité», a déclaré le responsable du gouvernement sahraoui qui répond ainsi au roi du Maroc qui affirmait il y a quelque semaines que le Sahara occidental sans le contrôle marocain représenterait un véritable danger pour le continent européen. Plusieurs autres intervenants se sont succédé à la tribune pour apporter leur soutien à la cause. On citera notamment la présidente de la Fondation américaine pour le soutien au peuple sahraoui, le maire de Sidney, le président de l'Union des cités et des villes africaines et le président du Comité national algérien de solidarité avec le peuple sahraoui (CNASPS), Mohamed Mahraz El-Amari. Ce dernier, en sa qualité de représentant du pays hôte, a dédié la présidence de la Conférence internationale d'Alger à Aminatou Haider, la militante sahraouie en grève de la faim depuis près d'un mois dans les îles des Canaries, en Espagne. A noter que la conférence devrait être sanctionnée aujourd'hui par une «déclaration d'Alger» appelant les Nations unies à respecter ses propres résolutions dans le conflit sahraoui. Avant cela, plusieurs communications sont prévues dans le programme de cette rencontre, notamment sur «la spoliation systématique des richesses naturelles du Sahara occidental par le Maroc», «la situation des réfugiés sahraouis et l'assistance humanitaire internationale», «Les fondements juridiques de la question sahraouie», «les violations massives des droits de l'Homme par le Maroc dans les territoires occupés du Sahara occidental» ou encore «la résistance pacifique des populations sahraouies dans les territoires occupés du Sahara occidental». Enfin, il est utile de souligner que les organisateurs ont appelé hier le représentant de l'agence de presse marocaine (MAP), qui était présent à la conférence, à rapporter fidèlement ce qu'il verra et entendra dans la rencontre qui a rassemblé pour la première fois à Alger près de 400 élus venus des cinq continents.