L'organisation par le FLN et le RND de primaires internes en vue de départager démocratiquement entre leurs élus locaux, candidats à la candidature, pour un siège sénatorial à l'occasion du renouvellement de la composante de la chambre haute prévu pour mardi prochain, a permis de constater que certains «recalés» par cette procédure ont décidé de passer outre son résultat. Les uns en faisant acte de candidature sous l'étiquette «indépendant», d'autres en se ralliant à la candidature du rival de leur vainqueur appartenant à la formation concurrente de la leur. Ce genre de dissidence, limitée à quelques cas seulement, n'est pas pour remettre fondamentalement en cause le rapport de force électoral entre les deux partis concernés. A la condition que les autres élus de ceux-ci, qui ont en apparence accepté la sanction des primaires internes, fassent réellement preuve de discipline partisane lors du scrutin. Et c'est là l'inconnue qui risque de provoquer la surprise le 29 décembre, car il n'y a pas plus délétère au FLN comme au RND que cette notion de discipline partisane, sur laquelle les inimitiés personnelles et les rivalités de clan prennent souvent le pas. De ce point de vue, c'est la formation de Belkhadem qui a le plus à craindre. L'unité du FLN est en effet sérieusement mise à mal par l'existence de courants antagonistes, des luttes locales de leadership pour lesquelles le scrutin du 29 décembre pourrait être l'occasion de manifester leur irréductible mésentente. L'avantage du RND sur l'ex-parti unique, c'est d'avoir un secrétaire général et une direction nationale qui en imposent à l'appareil et à ses élus et qui, de ce fait, parviennent à faire accepter quand c'est nécessaire leurs arbitrages. Avec Belkhadem a sa tête, le FLN donne par contre l'impression d'un bateau sans capitaine. A force de ménager tout le monde dans les conflits qui émaillent la vie organique du parti, Belkhadem a contribué à diluer le peu de discipline interne qui subsistait au FLN. N'eût été l'adoubement dont il bénéfice de la part du président de la République, l'actuel secrétaire général de l'ex-parti unique aurait été depuis longtemps éjecté de son fauteuil, parce que son manque d'autorité et ses indécisions ont réussi le tour de force de lui aliéner tous les courants qui se disputent le contrôle du parti. Ce n'est pas dans ce climat de guerre à couteaux tirés dans lequel est plongé le FLN, faute d'un rassembleur à sa tête, que ses élus locaux auront forcément le réflexe de faire dans la discipline électorale pour les sénatoriales. D'autant qu'aux rivalités de personnes qui divisent le microcosme, se sont fait aussi jour des opérations d'achat alléchantes financièrement du vote de certains de ces élus. Ce devant quoi Belkhadem s'est contenté de constater que «l'argent a pourri la politique», quand il fallait qu'il réagisse radicalement contre cette corruption dont il a eu connaissance et dont les auteurs sont parfaitement identifiés. Ce n'est pas son comportement qui va pousser les élus du FLN à placer les intérêts du parti au-dessus de leurs guerres de clocher et de la tentation vénale.