La coopération entre l'Algérie et l'Espagne semble connaître une certaine évolution à la faveur de la 4ème réunion bilatérale de haut niveau. Les deux parties ont affiché une ferme volonté à résoudre tous les «différends», aussi bien économiques que politiques, qui avaient, faut-il le souligner, failli empoisonner les relations entre les deux pays. D'importantes décisions ont été prises pour aller encore plus loin dans la coopération dans tous les domaines. Outre des discussions sur plusieurs volets économiques, l'Algérie et l'Espagne ont décidé d'étendre leur coopération aux énergies renouvelables à l'occasion de cette 4ème réunion de haut niveau présidée par le chef du gouvernement espagnol José Luis Rodriguez Zapatero et le président de la République Abdelaziz Bouteflika. Les deux pays ont décidé de créer un groupe de travail chargé d'élaborer un document sur l'énergie et les changements climatiques et d'étudier les possibilités «d'interconnexion entre l'Algérie et l'Europe». L'annonce a été faite jeudi dernier par les ministres des Affaires étrangères des deux pays, Mourad Medelci et Miguel Angel Moratinos, à l'occasion d'une conférence de presse animée à l'issue des travaux de la 4ème réunion de haut niveau. Le document en question, une fois finalisé, sera présenté au deuxième sommet de l'Union pour la Méditerranée (UPM) prévu les 6 et 7 juin à Barcelone dans le cadre de la présidence espagnole de l'Union européenne qui a débuté le 1er janvier dernier. Alors que l'Algérie reste le premier fournisseur de gaz naturel de l'Espagne, les entreprises ibériques, quant à elles, ont développé depuis plusieurs années les technologiques de pointe en matière d'énergies renouvelables. Les panneaux solaires et les éoliennes sont omniprésents à travers toute l'Espagne. Entre valence et Barcelone, à titre d'exemple, les visiteurs ont sûrement remarqué des champs à perte de vue d'éoliennes implantées tout au long de l'autoroute. C'est dire que cette technologie est fortement utilisée en Espagne, un pays qui a connu un développement fulgurant après son adhésion à l'Union européenne. C'est donc un autre pas franchi par les deux pays en matière de coopération, particulièrement après avoir surmonté des «différends gaziers» qui ont duré plusieurs années. A ce sujet, les deux pays se sont félicités dans un communiqué final de la «résolution partielle» de ces différends suite notamment au verdict du tribunal international d'arbitrage qui avait, fin novembre 2009, tranché en faveur de Sonatrach dans le conflit qui l'opposait aux compagnies espagnoles Repsol et Gas Natural autour du projet Gassi Touil. Le ministre des Affaires étrangères Mourad Medelci a par ailleurs exhorté les entreprises espagnoles à investir davantage dans notre pays, et aux autorités espagnoles de poursuivre leurs efforts pour permettre aux Algériens désirant se rendre en Espagne d'obtenir plus facilement des visas, même si ce pays reste le plus souple dans ce domaine en comparaison avec d'autres, notamment la France et l'Allemagne. Dans la conférence de presse animée avec son homologue espagnol, le chef de la diplomatie algérienne a tenu à relever le caractère global caractérisant les «excellentes» relations entre les deux pays. «Les relations algéro-espagnoles ont enregistré des avancées extrêmement importantes, caractérisées par une augmentation des flux commerciaux et d'investissements», a déclaré Medelci qui souligne que la présence en Algérie des entreprises espagnoles a enregistré une progression constante en rappelant que la coopération ne s'est pas limitée au seul secteur de l'énergie mais également à d'autres secteurs comme l'eau, la pêche et les services. Mourad Medelci a par ailleurs indiqué que ce sommet bilatéral a été l'occasion d'évoquer plusieurs questions régionales et internationales d'intérêt commun, comme le Sahara Occidental, le Sahel, le Proche-Orient, l'initiative des 5+5, etc. Concernant la lutte antiterroriste, Medelci a fait savoir que celle-ci est un «objectif commun» et que la coopération bilatérale dans ce domaine est une «réalité». Le ministre des Affaires étrangères qui rappellera les souffrances de l'Algérie face à ce fléau durant les années 1990, a déclaré que notre pays s'est toujours montré «disponible à partager son expérience dans la lutte contre le terrorisme avec d'autres pays». Moratinos a, pour sa part, souligné que son pays partage la même vision avec l'Algérie en matière de lutte contre le terrorisme en lui rendant à cet effet un hommage pour son aide et sa coopération dans ce domaine. Le chef de la diplomatie espagnole n'a pas hésité en outre à saluer la proposition de l'Algérie appelant à incriminer le payement de rançons pour les preneurs d'otages qui a été adoptée récemment par le Conseil de sécurité de l'ONU, ajoutant que l'Espagne «adhère pleinement à cette initiative». Sur le plan bilatéral, Moratinos a qualifié les relations algéro-espagnoles de «stratégiques, profondes et intenses», en relevant au passage que les échanges commerciaux de son pays avec l'Algérie ont doublé durant les années 2008 et 2009. L'Espagne par la voix de son ministre des Affaires étrangères s'engage ainsi à continuer à travailler au cours de sa présidence de l'UE en 2010 pour conforter la position de l'Algérie comme un partenaire privilégié dans la région. Par ailleurs concernant la question du Sahara Occidental, un sujet inévitable pour les deux parties, l'Algérie et l'Espagne ont parlé d'une seule voix en considérant que le conflit revêt un caractère prioritaire. Les deux pays ont passé en revue les derniers développements relatifs à la question et ont exprimé conjointement leur volonté de continuer à travailler dans le cadre des Nations unies afin de trouver une solution juste, définitive et mutuellement acceptable pour les deux parties, le Maroc et le Front Polisario, qui garantisse le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui. Tout en soutenant les efforts de l'envoyé spécial de l'ONU, Christopher Ross, pour trouver des solutions à ce conflit qui dure depuis l'année 1975, l'Algérie et l'Espagne ont par ailleurs exprimé clairement leur voeu de voir la reprise des négociations entre les deux parties dans le but d'arriver à une solution globale, juste et durable du conflit. Cette 4ème réunion de haut niveau fait suite à celle tenue à Alger le 12 décembre 2006 et s'inscrit dans le cadre du traité d'amitié, de coopération et de bon voisinage signé entre les deux pays en octobre 2002 à Madrid. Le chef de l'Etat était accompagné jeudi dernier d'une importante délégation ministérielle, notamment le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Nouredine Yazid Zerhouni, le ministre des Travaux publics, Amar Ghoul, le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci. Ces derniers ont eu plusieurs séances de travail avec leurs homologues espagnols. Le président de la République Abdelaziz Bouteflika a regagné l'Algérie le jour même.