Les habitants de l'Etat du Massachusets aux Etats-Unis ont fait un bien mauvais cadeau à Barack Obama à l'occasion, hier, du premier anniversaire de son entrée à la Maison-Blanche. Celui d'élire un candidat républicain en tant que représentant de leur Etat au Sénat américain. Traditionnellement pourtant, le Massachusets vote démocrate et le siège qui vient de tomber dans l'escarcelle électorale des républicains est celui qu'occupait le sénateur Edward Kennedy, récemment décédé, qui fut, comme on le sait, un fervent et actif partisan d'Obama pour son élection à la Présidence de l'Amérique. Le revers est grave pour Obama, qui perd ainsi la majorité au Sénat sur laquelle il comptait pour faire passer la réforme phare de son programme électoral, celle du système de santé. Il l'est d'autant plus qu'il semble confirmer qu'un revirement négatif s'est opéré dans l'opinion publique américaine affectant la popularité du locataire de la Maison-Blanche. Si la tendance qui l'a emporté au Massachusets, pourtant fief électoral traditionnel des démocrates, se confirme, Barack Obama et les démocrates ont du souci à se faire pour les élections législatives qui vont avoir lieu dans peu de mois en Amérique. Cela voudra dire qu'à peine à mi-parcours de son mandat, le président américain risque de se retrouver totalement à la merci d'une majorité républicaine au Congrès. Dans ce cas de figure, il sera dans l'impossibilité de faire passer sa réforme de santé, même épurée des dispositions qui ont hérissé l'establishment américain et les puissants lobbys des assurances privées et du monde médical. Mais ce ne sera pas à cette seule extrémité que le président américain sera réduit. Il devra en effet, forcé et contraint, réviser son programme économique, mais aussi et surtout certaines de ses décisions en politique étrangère pour obtenir l'approbation du Congrès, redevenu citadelle de l'opposition républicaine. Celle-ci, on le sait, est fondamentalement hostile à la politique économique, teintée d'un pourtant modeste interventionnisme de pouvoir étatique de l'Union, que le président Obama a lancée pour essayer d'enrayer les effets de la crise financière et économique qui a ébranlé le système américain et plongé dans le désarroi et la précarité des masses de citoyens. Elle est tout aussi radicalement opposée aux changements que le remplaçant de George W. Bush veut imprimer au comportement des Etats-Unis sur la scène politique mondiale. Pour être honnête, il faut dire qu'Obama a de lui-même déjà fait des marches arrière spectaculaires sur beaucoup de ses promesses et intentions. Ce que faisant, il a fait le jeu des républicains, puisque ses reculades et renoncements ont non seulement conforté leur agressivité contre sa politique et son programme, mais aussi déçu et démobilisé une bonne partie de ses partisans, comme vient de le démontrer cruellement le vote des citoyens du Massachusets. La quadrature du cercle que le président américain devra résoudre avant les cruciales élections législatives qui auront lieu dans une brève échéance, est celle du comment faire avant cette date pour que l'économie nationale américaine renoue avec une croissance qui redonnerait confiance aux Américains en lui et à sa politique. Et surtout comment faire pour que l'Amérique n'apparaisse pas aux yeux de l'opinion américaine comme étant engluée, sans perspective dans des conflits internationaux dont le président leur a fait promesse de l'en sortir sans humiliation. Ce qui se passe au Moyen-Orient, tant dans les affaires palestinienne qu'irakienne et iranienne, et encore plus aux confins de cette région en Afghanistan, n'augure pas que Obama réussisse la gageure de satisfaire son opinion nationale et de renflouer ainsi sa cote de popularité, sévèrement mise à mal déjà. Le scénario d'un président sous tutelle paralysante d'un Congrès hostile est celui que les observateurs et analystes donnent en tant que perspective inéluctable. De quoi être inquiet pour la paix et la stabilité dans le monde.