A l'instar d'autres pays, l'Algérie a décidé de réadapter sa stratégie vaccinale contre la grippe porcine. Dans un communiqué rendu public dimanche, le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, ainsi que le comité des experts, ont décidé de réadapter la stratégie vaccinale contre la grippe A/H1N1, compte tenu de la situation épidémiologique et virologique actuelle. Le ministère explique que cette décision découle, en outre, de la situation internationale marquée par le «déclin de l'activité grippale» et la «non-adhésion à la vaccination de la population et notamment du personnel de santé». La décision du ministère de «revoir» sa stratégie était somme toute attendue. Depuis l'annonce officielle du lancement de la campagne de vaccination, et même bien avant, la population, très au fait de l'évolution du traitement de la pandémie dans le monde, s'était montrée très méfiante. Les réticences du personnel médical, au lendemain du décès d'un médecin à l'est du pays, les sorties médiatiques de bon nombre de médecins n'ont fait qu'accentuer cette méfiance. Comparativement au nombre de doses importées par le ministère, le nombre de personnes vaccinées était insignifiant. Dès le départ, la qualité du vaccin importé était remise en cause. A quelques exceptions près , les femmes enceintes, les personnes âgées ou atteintes de maladies chroniques, considérées comme étant des personnes très vulnérables, ont refusé le vaccin. Face à cette suspicion qui a entouré la campagne de vaccination, les parents d'élèves, exigeant des assurances sur l'inexistence d'effets secondaires, avaient tout simplement appelé le ministère à annuler la vaccination au sein des établissements scolaires. D'autre part, et selon le communiqué, à la lumière des données factuelles de la situation dans le monde, le ministère de la Santé relève que la pandémie subsiste toujours et son évolution demeure «imprévisible», de l'avis des experts nationaux et internationaux, en termes de virulence et de dynamique. De ce fait, «une nouvelle vague n'est pas à exclure». Il rappelle que sur le plan clinique, les décès ont concerné particulièrement les femmes enceintes, les malades chroniques (adultes et enfants) et les sujets âgés. S'agissant de la situation épidémiologique de la grippe A/H1N1, elle se caractérise, selon la même source, par un nombre cumulé de 916 cas confirmés, dont 57 décès, enregistrés au 17 janvier 2010. Le ministère de la Santé a indiqué que les 27 nouveaux cas enregistrés sont tous des formes sévères de la grippe A/H1N1 et ont touché 46 wilayas, à l'exception des wilayas d'Adrar et de Nâama qui n'ont enregistré jusqu'à présent aucun cas de grippe A/H1N1. Le ministère a en outre enregistré une stabilisation du taux de mortalité liée au virus A/H1N1 depuis le bilan du 13 janvier, qui faisait état de 57 cas de décès, dont 14 femmes enceintes décédées sur les 47 cas avérés de femmes enceintes atteintes de la grippe. Depuis le 3 décembre 2009, sur la base d'une instruction ministérielle redéfinissant les modalités de prise en charge curative, seules les formes sévères, les personnes à risque élevé de complications et celles présentant une morbidité associée au syndrome grippal, sont hospitalisées, rappelle encore le ministère de la Santé. Toujours sur le plan épidémiologique, il relève que le premier pic a été atteint la 4e semaine du mois de décembre 2009 par l'enregistrement de 166 cas sévères, alors que depuis la première semaine de janvier 2010, on note une nette diminution de cas. Concernant la réception du vaccin contre la grippe, le ministère de la Santé indique que 1.538.000 doses ont été réceptionnées sur les 20.000.000 de doses commandées, ajoutant que «jusqu'à l'heure actuelle, une lettre de crédit a été ouverte pour 2.400.000 doses» et que, par conséquent, «862.000 doses restent à livrer dans les prochains jours». Par ailleurs et selon dernier bilan publié vendredi par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), la grippe H1N1, dont la propagation s'est nettement ralentie dans l'hémisphère Nord, a tué au moins 14.711 personnes dans le monde depuis son apparition en mars/avril 2009. «A la date du 24 janvier 2010, plus de 209 pays et territoires de par le monde ont rapporté des cas confirmés en laboratoire de grippe H1N1, dont au moins 14.711 morts», rapporte l'OMS. La grippe, qui a connu un pic en octobre-novembre dans la majorité des pays tempérés de l'hémisphère Nord, continue toutefois à se propager «activement» en Afrique du Nord, dans certaines régions de l'est et du sud-est de l'Europe, ainsi que dans le sud et l'est de l'Asie, souligne l'OMS dans son rapport hebdomadaire. La transmission est «active et géographiquement étendue» au Maroc, en Algérie, en Libye et en Egypte, même si la majorité des pays de la région ont passé le pic de propagation en novembre-décembre. La région du monde la plus affectée par le nouveau virus reste l'Amérique (Nord et Sud) avec au moins 7.166 morts après les deux vagues grippales du printemps et de l'automne. La propagation y est globalement actuellement faible, selon l'OMS.