Pas moins de 300 dinars le kilo, tel est le prix affiché hier pour la sardine au niveau des différents marchés de détail de la ville. Un prix, à la limite du prohibitif, qui reste difficile à admettre pour les consommateurs oranais mais aussi, et surtout, à justifier pour un secteur qui se targue d'avoir enregistré dans la wilaya d'Oran une hausse de la production halieutique en 2009 de plus de 30 % par rapport à l'année précédente. La production de poisson a été «maigre» durant l'année 2008, avec 5.000 tonnes seulement. Une contre-performance due notamment au repli de la pêche du petit pélagique (sardine) qui avait dérouté plus d'un spécialiste pensant à la disparition de la ressource. L'inquiétude qui avait longtemps prévalu semblait se dissiper avant d'être rattrapée par cette «curieuse» flambée des prix, il y a déjà plusieurs semaines de cela. Aux temps les plus propices, le prix de la sardine à Oran n'est que très rarement descendu sous la barre des 100 dinars le kilo. Ces dernières semaines, le marché de la sardine a enregistré une volatilité constante des prix, lesquels ont très souvent tourné autour des 200 dinars le kilo pour descendre jusqu'à 150 dinars, avant de faire un nouveau bond spectaculaire qui, en quelques jours seulement, a fait carrément passer les tarifs du simple au double. Etrange évolution des prix pour une espèce de poisson qui a de tout temps été le produit par excellence réservé aux petites bourses. Ainsi donc, et en dépit des assurances et autres bilans «positifs » que les responsables locaux ont dressés tout dernièrement pour illustrer la «bonne santé » du secteur de la pêche à Oran, il demeure évident, et la réalité du terrain le confirme, que la situation est loin d'être aussi reluisante. Selon les derniers chiffres de la direction de la pêche, la production halieutique à Oran a atteint en 2009 une quantité de 8.102 tonnes de poisson, toutes espèces confondues, soit une hausse de 34 % par rapport à 2008. Le poisson bleu (espèces pélagiques) représente, selon la même source, 90 % et le poisson blanc, 10 % de cette prise. Pour la direction locale du secteur, le respect du repos biologique a contribué de « manière notable » à la reproduction des espèces et le plan de relance économique, a-t-elle estimé, a « boosté » la production en 2009. Quelque 165 embarcations ont été mises à contribution, permettant cette hausse de la production durant l'année 2009, a encore ajouté la direction de la pêche et des ressources halieutiques, qui a fait état de quelque 3.395 marins inscrits dans la wilaya. Environ 7.400 tonnes de poisson ont, par ailleurs, débarqué à Oran en provenance de ports voisins durant l'année 2009, selon un bilan de la direction de la pêche, qui fait également état de l'exportation de 731,5 tonnes de poisson, pour une valeur vénale de 3.410.250 dollars. Mais, au regard des prix qu'affiche actuellement la sardine - sans parler des autres espèces dont les prix feraient rougir même les poissons - qui reste qu'un exemple parmi tant d'autres produits halieutiques qui suivent la même tendance, le consommateur est en droit de se demander aujourd'hui sur la « fiabilité » de ces indices de développement avancés par le secteur. Pour les citoyens, les mauvaises conditions climatiques de ces derniers jours n'expliquent à elles seules cette explosion sans précédant des prix. Pour eux, et les professionnels de la pêche le confirment, le problème réside dans l'organisation même de la chaîne de commercialisation. Pour les pêcheurs, et abstraction faite des paramètres objectifs qui peuvent influer sur les tarifs comme le paramètre de l'offre et la demande, le prix auquel est cédé le produit aux mandataires est souvent multiplié par trois avant d'arriver au consommateur. Une marge de bénéfice qui, selon eux, n'a aucune explication acceptable. Donc, grosse production ou pas, le poisson demeure très cher, un kilo de sardine dépassant le kilo de poulet. Une hausse de production ? Oui, mais au bénéfice des mandataires et autres poissonniers !