Le premier devoir du journaliste est d'être fidèle à l'événement ou l'information qu'il rapporte. C'est la condition première pour gagner les galons de la crédibilité et la confiance du lecteur. J'ai lu avec attention, dans les éditions de la presse écrite francophone du week-end dernier, des articles de certains confrères rapportant le classement en termes de popularité et d'audience de notre presse en Afrique et dans le monde établis par l'Organisme international des médias et journaux (4IMN). J'étais saisi par le score et les conclusions rapportées par ces confrères. Mon étonnement ne tenait pas tant au classement des journaux algériens eux-mêmes que par leur place en Afrique et dans le monde. Ajouté à cela, je ne trouvais nulle part le classement du journal que je sers, le «Quotidien d'Oran». Etait-il possible que «4IMN», institution internationale, reconnue pour le sérieux de son travail, eût oublié «mon» journal ? Tiraillé, je dois le reconnaître, par une certaine jalousie légitime et poussé par la curiosité, j'eus cette idée de me référer directement à la source de cette info rapportée par mes confrères : deux clics sur le portail de recherche Google avec le nom «4IMN» et le classement de la presse mondiale, daté du 28 janvier 2010, apparu plein écran. Mon étonnement premier fit place, très vite, à une sorte de tristesse inexplicable : le classement rapporté par mes confrères était faux ! Qu'est-ce qui a poussé ces confrères et amis à tronquer une information si importante et sensible pour le milieu des professionnels de la presse en particulier ? Un coup de pub gratuite sans escompte de résultat réel par ailleurs ? Et que faire des excellentes études et sondages réalisés par les spécialistes algériens, tels ceux de l'Institut Abbassa ou du professeur Ahmed Brahimi, qui sont plus proches de la vérité de la presse algérienne et qui ne ressemblent en rien à ce qui était rapporté par les dits confrères dans leurs éditions de jeudi ? Pourtant, la vérité est bien là, sur écran. El Khabar, quotidien arabophone, est bien à égalité avec l'autre quotidien arabophone Ec-Chourouk El Youmi : tirage situé entre 400.000 et 500.000 exemplaires/ jour et une audience de popularité située entre 1.200.000 et 1.500.000 / jour. Ce sont bien les premiers journaux algériens. Puis je découvre pour la presse francophone, en tête et à égalité, El Watan et le Quotidien d'Oran (quand même !) avec entre 100.000 et 200.000 exemplaires / jour et une audience estimée entre 300.000 et 600.000 / jour pour chacun d'eux. Suivent plus loin Liberté, le Soir d'Algérie etc. Au lieu de vous citer tous les détails des chiffres, ceux qui sont intéressés par ce genre d'information n'ont qu'un simple clic à faire sur l'adresse «4IMN» et ils auront tous les détails. Quand à mon interrogation sur le pourquoi de ce classement erroné donné par certains confrères, je finis par trouver une part de l'explication : les rédacteurs des articles en question ont basé leur classement sur l'ordre d'apparition de la liste des journaux sur l'écran et non pas sur la lecture des fiches techniques, qui donnent le nombre de tirages et l'estimation de l'audience. Si c'est une simple erreur de lecture, la faute est pardonnée et bonne lecture quand même. Sinon, il y a de quoi s'inquiéter de son propre milieu professionnel.