Le patron de la centrale syndicale (UGTA) Sidi Saïd et les représentants d'organisations patronales (M. Lahbib Yousfi, la Confédération générale des entreprises algériennes (CGEA), M. Mohamed Saïd Naït Abdelaziz, la Confédération nationale du patronat algérien (CNPA), M. Boualem M'Rakech, la Confédération algérienne du patronat (CAP), M. Mehenni Abdelaziz et la Confédération des industriels et producteurs algériens (CIPA)), réunis hier, à la Maison du peuple à l'occasion de l'installation de la Commission de la révision de la convention collective cadre du secteur économique privé, ont dénoncé énergiquement les décisions des Etats-Unis et de la France de classer l'Algérie dans la liste noire des pays dits à risque. Les patrons ont été invités pour négocier les augmentations salariales de près de 1 million de travailleurs déclarés dans le secteur privé, mais le débat a été réorienté vers la nécessité de protéger la production algérienne et l'intérêt national. Les présidents des organisations patronales ont tous confirmé leur soutien aux dispositions contenues dans le cadre de la loi de finances complémentaire 2009, notamment celles relatives à la promotion des produits algériens. Les intervenants à cette réunion ont laissé entendre que l'attitude de ces pays (les USA et la France) est en fait une réplique aux mesures prises par le gouvernement pour protéger son économie. «Ils n'ont pas trouvé mieux que de nous classer parmi les pays à risque», ont-il souligné. Sidi Saïd dira que notre pays est souverain «et nous ne voulons du mal à personne, on veut tout simplement protéger nos intérêts... On veut faire comme eux». Et de préciser que les Etats-Unis et des pays européens ont carrément «écrasé» les accords signés dans le cadre de l'OMC pour la sauvegarde de leur économie, durant la crise financière. Le patron de l'UGTA a, en outre, appelé tous les acteurs du front social, du secteur économique et des médias à se mobiliser afin de favoriser l'intérêt de notre pays. «Nous devons mettre tout ce qui nous sépare de côté, et nous devons nous réunir sur le principe de protéger l'économie nationale», a-t-il souligné. Les patrons du secteur privé sont unanimes : ils rejettent carrément les ingérences des pays étrangers dans les affaires internes de l'Algérie. Le président de la Confédération des industriels et producteurs algériens (CIPA), M. Mehenni, a condamné l'attitude des Etats-Unis et de la France. «On n'accepte pas qu'un Algérien soit humilié et on ne veut pas qu'on touche à notre dignité». Il s'est dit, au même tire que l'ensemble des représentants des organisations patronales présents, pour l'application du principe de la réciprocité, si ces pays ne font pas marche arrière. Sidi Saïd revient pour dire «qu'on ne veut pas de leçons de moral. On veut protéger l'économie nationale et l'emploi en mettant des barrières à l'importation des produits de consommation pour consolider la souveraineté nationale». Il poursuit «c'est inconcevable . on a importé de l'électroménager pour une valeur de 818 millions de dollars en 2008, alors que nous avons deux entreprises privées et deux autres publiques (LG, Condor, l'Enie et Eniem) qui font du bon travail et qui emploient actuellement 10.000 personnes». Pour Sidi Saïd, «on doit donner la priorité à ces entreprises pour développer leurs produits et pourquoi pas exporter». En d'ironiser «s'ils nous laissent exporter !». Les intervenants sollicitent le gouvernement «pour fermer les robinets à l'importation de certains biens de la consommation». Ils rappellent que 1.600 opérateurs étrangers se sont installés dans notre pays en tant qu'importateurs sans apporter aucun plus en matière de savoir-faire. Les patrons du privé exigent aussi la révision de l'accord d'association avec l'Union européenne, et l'accord sur la zone arabe de libre-échange (ZALE). Sidi Saïd conclut «tous les produits étrangers sont sur le marché algérien, mais aucun produit algérien n'a le droit pénétrer dans le marché européen, ainsi que dans d'autres pays». Appel aux organisations patronales Les négociations salariales de chaque secteur doivent être finalisées au mois de mai prochain, selon Abdelmadjid Sidi Saïd qui précise qu'un million de travailleurs déclarés dans le secteur privé sont concernés par les majorations salariales. «L'équipe technique a jusqu'au mois de mai pour arriver à des accords sur l'augmentation des salaires. Cette révision pourrait également nous amener à revoir l'aspect législatif, dans le cadre du nouveau code du travail», a ajouté Sidi Saïd. Dans ce sens, il a appelé les organisations patronales à respecter leurs engagements pour appliquer les décisions de la dernière tripartie. Il a également invité les éditeurs de la presse et le Forum des chefs d'entreprises (FCE) à entamer des négociations sur la question des salaires. Pour ce qui est de l'application de la convention-cadre, le président de la Confédération algérienne du patronat (CAP), Boualem Merakech, dira que le suivi de la convention-cadre doit être assuré par les organisations patronales et par l'inspection du travail.