Lundi, veille du début de la série de grèves annoncées par les syndicats autonomes du secteur de l'Education; Aboubekr Benbouzid, qui effectuait à Tlemcen une brève «visite de travail», a tenté une ultime fois de convaincre les enseignants à ne pas prendre part à ces actions. Son exercice a consisté à «révéler» que la régularisation et l'augmentation des salaires que revendique la communauté éducative interviendront avant la fin février, en précisant que c'est une décision du gouvernement. L'annonce faite on ne peut plus solennellement sera-t-elle suffisante pour mettre un terme au bras de fer qui perturbe avec récurrence le secteur de l'Education nationale ? Pas sûr à cause du climat de défiance qui règne dans les relations des syndicats autonomes avec l'administration de tutelle. Des relations qui se sont envenimées au fur et à mesure des promesses non tenues par cette administration et de rendez-vous manqués entre elle et ces syndicats. Rien ne dit donc que ces derniers vont prendre pour argent comptant l'annonce faite à Tlemcen par son premier responsable. Cela d'autant que Benbouzid a accru son déficit de confiance auprès de ces syndicats en s'adressant par-dessus leurs têtes au personnel de son département. Initiative qu'ils ont interprétée comme une manœuvre visant à jeter le trouble au sein de la communauté éducative et à la faire douter de la légitimité de leurs mouvements revendicatifs. A tort ou à raison, ces mêmes syndicats peuvent faire la même lecture concernant ce qu'a avancé Benbouzid à Tlemcen. La chance de calmer le jeu aurait été plus grande si le ministre de l'Education nationale avait opté pour une rencontre avec ces syndicats, au cours de laquelle il leur aurait fait part de ce qu'il a annoncé dans la capitale des Zianides. Au lieu de cela, il a persisté dans une façon de communiquer que les syndicats ne peuvent à juste titre apprécier, parce que révélatrice de son refus de les considérer comme partenaires sociaux et interlocuteurs représentatifs de l'administration dont il est en charge. Cela étant et parce que la déclaration de Benbouzid à Tlemcen leur a répercuté un engagement qui n'est pas le sien uniquement mais a l'endos du gouvernement aussi, elle est plus que sa lettre ouverte susceptible de provoquer débat au sein de la communauté éducative et, partant, de refréner l'ardeur et l'impatience combative de beaucoup de ses membres. Les syndicats eux-mêmes doivent être troublés et désarçonnés par cette annonce du dernier mot faite par le ministre de tutelle. Car ils sont désormais placés devait le dilemme qui consiste, soit à prendre acte de l'engagement gouvernemental et, par conséquent, mettre un terme au mouvement revendicatif, soit à persister dans la défiance qu'ils ont à l'égard des effets d'annonce officiels. Dans le premier cas, s'il s'avère que l'engagement n'est que «ruse de guerre», ces syndicats se verront accusés par leurs bases respectives d'avoir péché par naïveté et s'être ainsi fait rouler dans la farine. Dans le second, ils encourent, au cas où l'exécutif tient effectivement son engagement, d'être taxés d'extrémisme et de visées extra syndicales sans rapport avec la défense des intérêts de la communauté éducative. Il faut reconnaître qu'aussi contestable qu'a été la façon de procéder de Benbouzid, elle place les syndicats dans une inconfortable situation quant à la décision à prendre.