Le métier de boulanger continue de traverser une zone de turbulences. Si, en 10 ans, quelque 2 500 fermetures ont été recensées, la situation demeure critique, même si les pouvoirs publics viennent de supprimer le paiement de la TVA sur les factures d'achat. Les boulangers ne payeront plus, à compter de ce mois de juillet, de TVA sur les factures d'achat de matière première, entrant dans la fabrication du pain. C'est, du moins, ce que nous a déclaré, jeudi, le président de l'Union nationale des boulangers, M. Youcef Kalafat, rencontré au siège de l'Union générale des commerçants et artisans algériens. La décision a été prise lors d'une réunion avec des responsables de la direction des impôts. Une bouffée d'oxygène pour une profession empêtrée ces dernières années dans le pétrin, en raison d'une hausse vertigineuse des coûts de fabrication de la baguette du pain dont le prix est administré depuis 1996. Les paramètres qui étaient en vigueur en 1996 ne sont plus les mêmes aujourd'hui. L'effet ciseau des prix a été à l'origine de la baisse de la rentabilité de la boulangerie et sous-tend la tendance à l'abandon des petits métiers de la boulangerie artisanale en Algérie. En effet, en dépit du soutien de l'Etat aux prix des farines de panification, la fixation des prix du pain ordinaire à un niveau excessivement bas n'a pas permis de contrebalancer la tendance à la hausse de certains postes de la structure du coût de production du pain (charges salariales, prix des consommations intermédiaires et de l'énergie). Conséquence : de 17 000 boulangers en 2000, il n'en reste que 14 500 en 2010. 2 500 boulangers ont mis la clé sous le paillasson, notamment à l'intérieur du pays, pour différentes raison, mais essentiellement à cause de l'insuffisance de marge bénéficiaire. Et ce sont surtout les boulangers artisans qui ont le plus souffert, d'abord de la décennie noire, puis de la hausse des coûts des matières premières et, enfin, de la répression des services de contrôle. Si, à Alger, les boulangers, en produisant de la pâtisserie, peuvent contrebalancer le manque à gagner sur la baguette de pain, il n'est pas de même pour ceux de l'intérieur du pays. Et puis à Alger, et dans les autres grandes villes, la baguette de pain est vendue généralement à 10 DA, et non 7,50 DA, prix fixé par l'Etat. “En dehors d'Alger, le prix de la baguette est sévèrement contrôlé. Tout boulanger ayant augmenté le prix de quelques centimes est sévèrement sanctionné. La loi prévoit des amendes pouvant atteindre 30 millions et même des peines de prison”, nous a indiqué M. Youcef Kalafat. L'Union nationale des boulangers a changé de stratégie, elle privilégie le dialogue à la confrontation. La grève de 2005 leur a coûté cher. Cette démarche semble porter ses fruits. La suppression de la TVA sur les factures d'achat de matière première entrant dans la fabrication du pain est une victoire. L'Union nationale des boulangers demande, aussi, à ce que les boulangers artisans, qui ont la carte d'artisan et qui dépendent donc du ministère de la petite et moyenne entreprise, ne paye que 5% du chiffre d'affaires sur le pain. Actuellement, il paye 12% sur le chiffre d'affaires. En effet, le gouvernement avait révisé à la baisse l'impôt forfaitaire unique (IFU), le ramenant de 12% à 5% seulement. Cette mesure, qui ne concernait que les artisans au chiffre d'affaires supérieur à 3 millions de DA, a été élargie pour concerner même ceux qui réalisent un chiffre d'affaires de plus de 5 millions de DA. Mais les boulangers artisans n'ont pas bénéficié de cette mesure. Mais, au-delà de ces mesures, le président de l'Union nationale des boulangers affirme avoir proposé au ministère du Commerce la mise en place d'une commission d'expertise pour assister, sur place, les boulangers dans le processus de fabrication du pain, du début jusqu'à la fin, et dégagé une marge bénéficiaire. M. Youcef Kalafat évoque la participation des boulangers algériens au concours maghrébin qui se tiendra à Casablanca à l'issue duquel il sera désigné l'équipe qui va concourir à la Coupe du monde de la boulangerie, Louis Lesaffre, prévue en 2012.