Annoncée par toute la presse, la grève des communaux n'a pas eu lieu. Sage décision. Mais savons-nous le because de ce non-débrayage ? C'est, paraît-il, par solidarité avec les praticiens de la Santé et les enseignants qu'ils n'ont pas arrêté de travailler. C'est dire la vision de ce corps qu'on appelle zebbala. Alors que les zebbala, c'est nous. C'est nous qui, à n'importe quelle heure, installons nos bourses d'ordures, pleines à craquer, après leur passage. Ils ont beau s'organiser, planifier et multiplier leurs ramassages, les naddafa de la commune sont dépassés par les zebbala de tous les quartiers. Imaginez un peu qu'ils fassent grève. Imaginez les ordures qui s'amasseront au seuil de chaque immeuble et les conséquences que cela engendrerait. Les foyers de maladie qui se développeraient devant chaque porte de domicile et le travail que cela donnerait aux médecins et aux centres hospitaliers. Une catastrophe qui mettrait à nu les carences de nos centres de soins. Rien que pour ça, les naddafa ont préféré travailler et revendiquer leurs droits au lieu de s'arrêter et démontrer combien nous sommes zebbala. Imaginez les écoliers en train de slalomer entres ordures et poubelles. Une rentrée des classes où les élèves, en plus des tabliers imposés, seront obligés de chausser des bottes pour arriver en classe. Le mécontentement des parents, contraints de les équiper en godasses «spéciales grèves des communaux». Ils préféreront, vu le pouvoir d'achat, que leurs garnements restent à la maison. Les écoles seront ainsi désertées et les enseignants se sentiront inutiles dans des classes vides. Voilà pour la solidarité. Mais il y a aussi dans cette sage décision beaucoup de nationalisme. La ville a besoin d'être propre pour accueillir le rassemblement des gens du gaz qui vont venir de l'étranger. Les naddafa ont donc refusé de faire le jeu des zebbala diplômés en rouina.