C'est comme dans un vrai roman de SF (science-fic-tion) des années 50-60 : les méchants d'un côté qui veulent avoir la bombe atomique, et les gentils de l'autre côté qui veulent le bien de la planète. Toute l'actualité internationale est ces jours-ci suspendue à la conférence quinquennale sur le TNP (Traité de non-prolifération nucléaire), car les Etats industrialisés dont la plupart possèdent la bombe atomique ont peur que l'Iran ne gruge tout son monde en arrivant à produire La Bombe. Tout le décor avec beaucoup d'ingrédients psychédéliques d'un bon petit roman de SF est planté : les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne, les Occidentaux font le forcing aux Nations Unies pour faire condamner l'Iran, présenté pour la communauté internationale dans le rôle du méchant, qui a eu l'outrecuidance de vouloir entrer dans l'ère de l'atome et accéder au rang privilégié de Nation atomique. Et, au moment où le président iranien monte sur la tribune de l'ONU pour expliquer que le programme nucléaire de son pays n'est que civil et rien d'autre, les représentants des puissances nucléaires qui possèdent, elles, l'arme atomique, boycottent la séance. En même temps, ils complotent au sein du Conseil de sécurité, pour que ce dernier vote des sanctions contre l'Iran pour son programme nucléaire. L'histoire prend ainsi des proportions inquiétantes, dans la mesure où les puissances occidentales, possédant l'arme nucléaire, se sont autoproclamées dépositaires du mystère de l'atome. Et, surtout, comme étant les seules gardiennes de la porte qui donne le droit d'accès au monde du nucléaire. Quiconque n'a pas le quitus de ces nations, comme les Etats-Unis, la Grande-Bretagne ou la France, n'a pas le droit de pénétrer dans l'univers dangereux de l'atome. Officiellement, le TNP a été mis en place en 1968 pour éviter le risque d'une propagation dans le monde de la bombe atomique. C'était au temps de la guerre froide et du téléphone rouge, et même des OVNI. Aujourd'hui, le contexte politique et militaire de ces années, celles également du Rideau de fer a changé. Après les Etats-Unis (1940), la Russie (ex-URSS 1949), le Royaume-Uni (1952), la France (1960) et la Chine (1964), beaucoup de pays ont la bombe, et développent des programmes nucléaires militaires, comme Israël, l'Inde et le Pakistan. D'autres pays émergents, comme l'Argentine, ont des programmes nucléaires civils. Pourquoi donc interdire à l'Iran ce qu'on donne à Israël ? Dans le second cas, les dépositaires autoproclamés de la démocratie et la paix dans le monde font tout pour que les sionistes soient surarmés, bombe atomique y compris. Et dans le premier cas, tout est fait pour bannir des nations civilisées un pays qui a osé braver les interdits des puissances occidentales. Après les années d'embargo économique, sur le sillage du départ du Shah et l'arrivée des Mollahs, les Américains et leurs vassaux vivent dans la hantise qu' aujourd'hui l'Iran est capable d'accéder au nucléaire. Et donc peut devenir une redoutable puissance qui fausserait tous les schémas préétablis de la géographie politique et économique d'une région qui va de la Méditerranée à la mer Caspienne et jusque vers l'Asie. Seulement, et Téhéran l'a toujours proclamé, il ne s'agit que d'un programme nucléaire à des fins civiles. Jusqu'à preuve du contraire. Du reste, le TNP n'est qu'une vue de l'esprit, car les armes de destruction massive, devenues sophistiquées depuis 1970, sont dans le camp des «gentils». Jusqu'à preuve du contraire.