De graves révélations publiées, en fin de semaine dernière, par un des journaux égyptiens, qui reprennent un quotidien arabophone algérien, faisant état d'un «espionnage sur le réacteur nucléaire algérien de Aïn Oussera par le gouvernement égyptien, par l'intermédiaire de son ministre des Affaires étrangères, en 1991, sur demande des Etats-Unis d'Amérique», a créé une tempête en Egypte. Et le premier incriminé dans ces révélations n'est autre que le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa. Se sentant accusé dans une grave affaire d'espionnage, ce dernier a organisé, mercredi, une conférence de presse au siège de la Ligue arabe. Cet ancien ministre égyptien des Affaires étrangères a ainsi démenti ces «révélations» en niant «toute transmission, en 1991, par l'Egypte pour le compte des Etats-Unis, de quelque information que ce soit, concernant le programme nucléaire algérien». Un document secret de l'administration américaine révèle, selon la presse, «le contenu des discussions entre un certain Richard A. Clarke, qui occupait le poste de ministre adjoint du secrétaire d'Etat, chargé des Affaires politiques et militaires à l'époque, lors de sa visite au Caire, au mois de mai 1991 et sa rencontre avec le ministre égyptien des Affaires étrangères à l'époque.» Le document envoyé par les services de l'ambassade américaine au Caire, au secrétariat de l'Etat américain au mois de mai de l'année 1991, à propos de la visite de la délégation américaine au Caire, évoque des discussions sur l'affaire du réacteur nucléaire algérien de Aïn Oussera. Le responsable américain avait alors sollicité le ministre égyptien des Affaires étrangères pour l'informer sur le réacteur qui était en chantier. Lors de sa conférence de presse, Amr Moussa, qui était en poste à l'époque, comme ministre égyptien des Affaires étrangères a aussi vivement condamné ce qu'il considère être «des allégations» publiées par le journal algérien. Amr Moussa a affirmé que «ce qui a été rapporté n'est rien d'autre qu'une allégation». Et Amr Moussa d'ajouter qu'«il faudra couper la main aux parties qui veulent inciter, une fois de plus, à la dégradation des relations algéro-égyptiennes», estimant qu' «aucun ministre égyptien des Affaires étrangères, que ce soit moi-même, mon prédécesseur ou mon successeur, ne peut entreprendre une quelconque action qui nuirait à un quelconque pays arabe, et cela est à la fois une tradition stricte et un principe clair». Et le président de la Ligue arabe d'affirmer que le document publié en question ne mentionne aucunement ce qu'il considère être «des allégations» publiées par ce journal, précisant que «durant les deux premières semaines qui avaient suivi sa prise de fonctions comme ministre des Affaires étrangères, le 16 mai 1991, ses fonctions se limitaient aux tâches protocolaires». «Je ne pouvais donc traiter, dit-il, ce genre de dossiers». Et d'ajouter: «il est certain que ni mon prédécesseur Ismat Abdelmadjid, ni aucun autre ministre égyptien n'a eu à s'ingérer dans ce genre d'affaires». «Il y a de ce fait, enchaîne Amr Moussa, une désinformation et sa publication démontre l'intention de certaines parties de provoquer une nouvelle crise entre l'Algérie et l'Egypte, comme c'est le cas à chaque fois que les conflits s'apaisent». Et de qualifier les informations de «pure intox qu'il faudra condamner». Les relations entre les deux pays avaient connu, en automne dernier, une crise aiguë, lors des matchs de qualification pour la phase finale de la Coupe du monde de football. De son côté, l'ancien secrétaire général de la Ligue arabe Ismat Abdelmadjid a également renié dans les colonnes du journal égyptien «El Wafd» ce qu'a rapporté le journal algérien. Ce dernier a affirmé «n'avoir eu de discussion avec aucun responsable américain au sujet du programme nucléaire algérien».