La mondialisation a fini par emporter tout dans son vent. Des institutions officielles aux organes de veille et de contrôle, le temps est aux décomptes. L'Accord d'association avec l'Union européenne, la zone arabe de libre-échange, le projet de l'Union du Maghreb et autres liaisons commerciales doivent savoir s'arrêter, le moment d'un souffle, d'une méditation ou d'une remise en cause. La politique en ces maigres espaces n'est qu'une notion à profondeur économique. L'intérêt remplace et supplée à plus d'un titre le credo sacro saint de souveraineté. Le profit érode ainsi tout orgueil. Septembre prochain, l'on fêtera la cinquième année de la conclusion de cet Accord d'association avec l'Europe. Les équipes de gouvernement seraient déjà édifiées sur la nature comptable quant à la portée de cet acte, rendu presque impératif en 2005. La clause du rendez-vous de juin prochain à Bruxelles sera mise à contribution pour les Algériens d'opérer un rééquilibrage de la balance commerciale et inciter l'installation de l'investissement européen. Maintenant que l'entreprise est au cœur de l'univers, la mise à niveau, théorème par principe dépassé, va grimper les degrés de tous les niveaux. C'est ce qui semble se dire justement dans cette administration ; à considérer comme le réceptacle premier du courant d'air mondialiste. La douane semble se consigner dans une obligation d'aller vers un esprit d'entreprise. La rentabilité par ce critère entrepreneurial est la seule condition de performance. C'est ainsi que la ville de Ghardaïa a abrité, au courant de ce mois de mai, la quatrième conférence nationale des cadres de douanes. Cette édition a vu, à l'instar de celles qui l'ont précédée, la présence de tous les responsables douaniers du pays. Une vingtaine d'interventions a fait lever le voile sur tout ce qui se trame dans les entrailles de cette institution républicaine. L'ordre se le disputait au débat, quand la discipline corporatiste s'enivrait des va-et-vient. La thématique variait selon que se diversifiait l'organe directorial exposant. Monsieur Abdou Bouderbala, directeur général, présidant ce regroupement, a rappelé, dans son allocution introductive, les objectifs que s'assignent ces assises. Il y est question d'une pré évaluation globale du programme de modernisation (2007/2011) et, partant, lancer en soubassement le projet d'un nouveau programme d'affermissement. Il semblerait dire à cet effet qu'eu égard aux bienfaits de la modernisation, en termes de résultats dus aux actions inscrites au sein de ce programme, les années à venir seraient dédiées à consolider, voire renforcer l'impact positif enregistré et apporter les correctifs qui s'imposent. Le schéma de pilotage de la performance reste encore à perfectionner. La mise en place d'un système harmonisé de gestion de la ressource humaine, selon l'orateur, a permis l'instauration d'une culture d'équité dans le traitement et la direction des plans de carrière. L'effectif de l'institution douanière s'élève à 15 882 éléments au 31/12/2009 dont 84/ dépendent des corps techniques. L'objectif qui se pointe à l'horizon 2011 atteindra 19 7 82 agents, tous grades confondus. C'est à cette armée de fonctionnaires, citoyens qui ressentent joies et peines et votent comme tout un chacun, qu'échoira la destinée de mener, avec d'autres, à bon port ce système de consolidation dynamique et évolutif. L'on saura, par ailleurs, que la douane, de concert avec les services de l'ANP, procédera à mettre en place 70 postes de surveillance au niveau des frontières terrestres. Cette résolution de souci, visant à cerner la fraude physique pure et dure, permettra, aux dépens du gain diplomatique, la protection de tout un chapelet de choses, nos frontières, nos enfants, notre santé, nos économies, etc.. Ces unités dotées de moyens adéquats auront un rôle important dans la lutte contre la contrebande qui y sévit. Bouderbala n'a pas hésité à parler de corruption. Voilà que la loi de l'omerta est brisée. Cette entorse à l'éthique professionnelle reste, nonobstant les dispositions prises, le cauchemar non seulement des douanes mais également d'autres secteurs aussi sensibles et vulnérables. Il dira à ce propos, d'un ton solennel et très fort, «que la responsabilité du chef hiérarchique est engagée en fait de corruption de l'un de ses éléments». Outre l'accentuation portée à la charge de l'Inspection Générale pour approfondir son regard sur les cas, situations et circonstances prêtant à équivoque, il est prévu, dira-t-il, d'injecter, dans le cursus scolaire, un module adapté, destiné aux nouvelles recrues. Devant un environnement qui évolue en permanence, charriant dans son sillage de nouvelles exigences d'adaptation, l'administration douanière s'est mise à sa charge, mettant à profit cette rencontre ; le devoir de conforter le contrôle interne qui devrait davantage connaître son exécution à tous les paliers de la prise de décision. Car ce volet aurait été jugé déficient quelque part dans cette institution. Le fœtus correctionnel de ce qui sera corruption est censé naître dans les interstices d'une loi portant interdiction, autorisation, délais, procédures, formalités, paiement, etc. Ce monstre fœtal connaîtra son éclosion grâce au contournement des prescriptions législatives et réglementaires. L'interdit suscite l'aventure, comme le prohibé chuchote la malveillance initiatique. L'initiative ne sera donc que compromission. Le gain facile tout court. Il se dirait qu'il faudrait, loin d'une délation, ouvrir l'écoute et le standard aux multiples doléances. Pour réaliser ce pan de plan d'ouverture, il faudrait imposer le devoir-écouter et construire le savoir-communiquer. «Si la communication dans l'organisation ne se décide pas en vase clos, car devant s'inscrire dans une trajectoire, celle-ci ne doit pas être subversive mais paisible et de qualité», dira Bouderbala en substance. C'est ce passage d'une communication de rumeur et de colportage à une communication responsable et fiable que l'institution aspire. Là encore, faudrait-il penser à y faire d'abord des ponts d'information internes à la société douanière. Une douanière en faction de permanence à la conférence ne savait pas de quoi il s'agissait. En termes de conviction, il y manquait du tonus. Si Benaïssa Tahar, CID à Aïn Témouchent, «note avec satisfaction l'intérêt que revêt cette conférence», il en est autrement pour certains qui prétendent que «c'est de la redite». C'est dans la fausse jovialité que crèche parfois en sourdine la négation. Le SIGAD (Système informatique de gestion automatisée des douanes) était l'autre aspect non des moindres qu'avaient à débattre les cadres douaniers en conclave. Lancée en mai 2009, la version du SIGAD II est dans un climat de laboratoire. Les relents des études, des extensions géographiques, les desseins des applicatifs, les segments périphériques et autres évidences informatiques donnent une impression nette de ce volontarisme à aller vers «la solution centralisée qui recommande l'intégration de toutes les missions et compétences multidisciplinaires internes et externes à la douane». La traçabilité de l'acte du mouvement transfrontalier, que guette par incrustation le NIF (numéro d'identifiant fiscal), s'érige de bout en bout dans la charte des besoins de service. Ainsi le SIGAD II se trouverait à un stade très avancé. De nombreux modules et applications sont validés, les autres d'un niveau esclave ou secondaire sont envisagés et en cours de validation. Comme toute institution, la douane algérienne ne s'épargne pas les distorsions fonctionnelles telles que signalées dans l'état des lieux exposé lors de ces quatrièmes assises. Les faiblesses relevées se greffent parfois à un défaut d'adhésion, une résistance interne ou une incompréhension intériorisée réciproquement. Le programme de modernisation, lancé voilà quatre ans, demeure dans ses restes à réaliser, hypothéqué par ce souci de le consolider davantage. Le choix des actants, potentiels artisans de l'œuvre à finir de mener, demeure aussi un garant de l'ultime réussite. Le gabarit et la trempe des tenanciers de prérogatives de gestion des services extérieurs sont les conditions vitales pour un bon management et efficace pilotage. Si la tête portait la réflexion et les organes étant amorphes, tout le corps serait, telle une glace, otage d'inertie. Sur le plan de la coopération internationale, la douane algérienne agit avec perspicacité en étendant l'assistance mutuelle à un grand nombre d'Etats. Elle y recherche le confort d'un partenariat efficace dans l'échange d'informations. Son adhésion à l'Organisation mondiale des douanes fait d'elle une administration studieuse qui va droitement vers le cadre des normes, la gestion coordonnée des frontières et le 100 / scanning. La notion du document du 21ème siècle fait son chemin. Ce qui fait dire au patron des douanes que, parce que « dans ce monde les unions se font, les jumelages se multiplient, nous sommes interpellés pour suivre le mouvement économique mondial». Les défis s'érigent en nombre et les missions douanières s'accentuent au moment où l'on présageait fatalement leur déliquescence. Leur rôle est davantage renforcé par le haletant protectionnisme, utile et stratégique et qui chez les autres se dissimule, à notre insu sous la forme de rounds de négociations avec l'OMC. Les sommations implicites pour une normalisation et universalisation de gestion et de conduite de la chaîne logistique internationale sont là, à la porte, guettant sans cesse le moindre accroc.