La crise financière n'a pas eu un impact significatif sur le flux des IDE en pays méditerranéens, indique une étude du réseau Anima. La question centrale des investissements directs étrangers dans les pays de la rive sud de la Méditerranée est un véritable serpent de mer dans les relations économiques régionales. Le nécessaire développement de pays qui accusent des retards significatifs par rapport à leurs puissants voisins du nord répond évidemment à un souci d'amélioration d'existence des populations mais aussi à la volonté politique des européens de réduire les flux migratoires en provenance de ces pays. La création de l'UPM, au delà de ses évidentes arrière-pensées stratégiques, visait précisément à relancer une dynamique de projets communs que le processus de Barcelone n'avait pas réussi à initier. Quel est l'état et quelles sont les perspectives de coopération économique entre les deux rives ? Anima Investment Network vient de publier un rapport sur la réalité des investissements directs étrangers et les partenariats lancés ou en voie de l'être. Anima Investment Network (AIN) est une organisation régionale constituée à l'heure actuelle d'environ 70 agences gouvernementales et réseaux internationaux du pourtour méditerranéen. AIN, fondée en 2002, se présente comme observatoire et un centre de collecte et de diffusion d'informations sur l'économie régionale a vocation d'être un lieu d'échanges et d'initiatives concrètes visant à lancer des projets dans les pays de son aire d'intérêt. Le dernier rapport sur les IDE et les partenariats mis en ligne en avril 2010 est une remarquable synthèse et un état des lieux concret et opérationnel. L'aire géographique de réception des IDE va de la Turquie au Maroc en passant par la Jordanie, Chypre et Malte. Les pays d'origine des flux d'investissements ne se limitent pas aux Etats membres de l'Union européenne, l'étude passe en revue les initiatives en provenance du Golfe, d'Extrême-Orient ou d'Amérique du nord. La crise sans effets sur les annonces d'investissement La crise financière globale de 2008/2009 semble avoir eu peu d'effets sur les volumes annoncés d'investissements étrangers dans les pays de la rive sud. Même si de nombreux projets, dans le secteur immobilier et touristique, ont été reportés ou annulés, les flux se maintiennent à des niveaux tout à fait en ligne avec le passé. La baisse relative enregistrée est moindre que pour les autres régions de la planète. Ainsi selon le rapport qui cite la CNUCED, le montant net d'IDE annoncé en 2009 s'élève à 32,3 milliards d'euros soit un recul de 17% par rapport à 2008, contre -35% à l'échelle mondiale. De fait, ce repli est imputable au retrait des investisseurs du Golfe arabo-persique qui du fait de la forte hausse des prix pétroliers avaient investi le marché en 2006/2007. Mais, le tableau est plus nuancé car les plus industrialisés de la rive sud, Israël et Turquie, davantage insérés dans l'économie mondiale qui pâtissent de la crise et qui expliquent la baisse observée en 2009. Le montant global d'IDE, selon l'Ain, légèrement augmenté pour les pays arabes, au Maghreb comme au Proche-Orient. La structure des pays «fournisseurs» d'IDE confirme peu ou prou celle des échanges commerciaux traditionnels. Les Etats- Unis, malgré un recul relatif restent prépondérants, suivis par le Royaume-Uni, grâce aux investissements énergétiques, qui supplante la France, de l'Italie. Le rapport enregistre la montée de l'Allemagne, des Pays- Bas, et des BRIC (Inde, Chine, Russie). L'Europe reste donc un acteur majeur tout comme le Golfe (qui concentre ses investissements au Machrek). Les échanges intra-régionaux ne décollant pas, les flux d'investissements entre pays de la rive sud s'établissent avec 12,7 milliards d' euros sur 7 ans, à un niveau de 5% du flux total d'IDE, reflétant là une faible intégration régionale et de pays, à l'image d'une UMA inopérante, qui tablent davantage sur l'étranger lointain (Europe, Golfe, Amérique du nord) que sur leurs voisins proches. Croissance des flux d'investissements Selon l'AIN, le niveau de flux d'Ide entrants, avoisinant trente milliards d'euros annuels dans un contexte de récession mondiale constitue un plancher, nettement supérieur au palier touché lors de la précédente crise de 2002-2003 (entre 7 et 9 milliards d'euros). La région conserve une attractivité de l'ordre de 3% des IDE mondiaux (un peu plus de 1 000 milliards de dollars contre 1 697 en 2008 selon la CNUCED). Il s'agit d'une évolution significative même si l'objectif des 1 000 projets et 80 milliards d'euros d'IDE annuels - soit 5% des IDE mondiaux, pour une région qui compte 4% des habitants de la planète - est encore lointain. Pour Anima Investment Network, les perspectives de reprise économique globale et les annonces des entreprises laissent augurer d'une relance rapide et importante des flux d'IDE et de la généralisation des partenariats. Pour cet observatoire ce cycle vertueux pourra encore être accentué à condition que les réformes en cours dans les pays du sud soient poursuivies.