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Adieu, ma Zouli (II)*
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 09 - 06 - 2010

Alors, continue Mec Toubek, le noiraud au visage ratatiné a prononcé ces paroles : « Femme ! Comment oses-tu venir ici me raconter que la diablesse a été attentivement examinée par la vieille ? Me prends-tu pour un imbécile ?
Les yeux de ta mère ne sont même pas foutus de faire la différence entre un cafard et une olive ! Je l'ai vu de mes propres yeux en avaler deux en gémissant de plaisir !
Je venais tout juste de les écraser dans la cuisine.
D'un autre côté, en plus de ces nuages sombres qui lui bouchent la vue, elle n'arrête pas de trembler et ses doigts frétillent comme des asticots !... Alors, dis-moi ! Comment veux-tu que je fasse confiance aux paroles d'une carcasse détraquée qui vibre sans trêve ? Dieu Tout-Puissant, j'ai épousé une ânesse ! Retourne là-bas et vérifie toi-même minutieusement si la folle a subi des dommages déshonorants ! Utilise la torche électrique qui se trouve dans la caisse en bois dans laquelle je range mes outils ! Change les piles ! Quant à ton fils aîné, à ce mulet qui lui tourne autour en brandissant un couteau, dis-lui de cesser son cinéma ! J'ai horreur des frimeurs ! Cette poule a beau caqueter, ouvrir ses ailes, se gonfler et hérisser ses plumes, elle reste ce qu'elle est : une poule pommadée et huilée ! C'est moi qui commande ici ! C'est moi qui donne les ordres ! C'est moi qui déciderai du sort qui attend cette chèvre habitée par Satan. Et voici mes décisions. La folle, je vais la marier au berger de Bachir ould Djillali. Ce boiteux est le mari qu'il faut pour cette débauchée. Il la matera ! Il saura comment la corriger ! Je l'ai vu une fois tuer un bouc d'un seul coup de poing en plein museau ! L'animal dérangeait les femelles !... En particulier, l'une d'elles que le berger appelle Zizi. Pour ce qui est de ce délicat parfumé et efféminé, on va l'enfermer dans ce garage en attendant de vérifier si cet espion dégoûtant de Kaddour est au courant ou pas de ce qui s'est passé ici cette nuit. Cette merde avec deux pattes est capable d'empuantir le restant de mes jours. Ensuite, j'aviserai... »
Une nouvelle toux, ajoute Mec Toubek, plus violente que la première empoigne le noiraud et lui coupe la parole. Pendant quelques instants, elle le ballotte furieusement, lui arrachant un nuage de poussière et une autre boule caoutchouteuse plus épaisse et plus sanguinolente que la précédente qui gisait encore sur le sol, couverte de mouches vertes et bleues. Quand il crache cette affreuse gomme, une vapeur noire s'échappe de sa bouche, dessinant dans l'air une forme qui rappelle la tête d'un squelette. Lorsque la toux libère son corps, le noiraud arrange son turban et dit d'une voix éraillée : « Maintenant, que quelqu'un parmi vous glisse soigneusement ces deux crachats que je viens d'expulser de mes poumons dans un flacon. Je l'emporterai demain chez Badra la voyante pour qu'elle me confirme le bonheur qui m'attend dans les jours à venir. Car cette toux est en train de nettoyer vigoureusement mes profondeurs des saletés qui s'y sont accumulées à cause de la vie de merde que je mène dans cette maison peuplée de fous. Ma viande baigne dans une atmosphère trouble et suspecte.
Dangereuse ! Annonciatrice de malheurs ! Bagarres, hurlements, bruits étranges et angoissants pendant la nuit, chuchotements louches et silences brusques, froissements, frémissements, gémissements, odeurs sataniques, appareils et objets douteux, taches et traces indéfinissables, complots, traîtrises ; à longueur de journée, je suis encerclé de bruissements et de sifflements terrifiants ! Mais Dieu, le Clémént, le Miséricordieux s'est toujours porté à mon secours ! Cette toux bénie me débarrassera des impuretés que vous m'avez inoculées dans le sang, maudite progéniture ! Non, je ne suis pas malade ! Je vivrai encore cent ans ! De longues années lumineuses et florissantes m'attendent ! J'entends des plantes charnues couleur de chair qui murmurent mon nom avec douceur, qui m'enveloppent soyeusement ! Elles dégagent un parfum enivrant qui imprègne ma chair et la purifie ! Je vivrai ! Je ne mourrai pas ! Je n'ai pas encore vécu ! Dieu ne le permettra pas ! Amen !»
Mec Toubek se tait, la gorge empâtée par l'émotion. Des minutes courbées sous le poids d'un lourd silence s'ensuivent. Vis Tewek enfonce sa main dans sa poche et en tire une petite plaquette, de laquelle il détache un comprimé jaune foncé qu'il avale. Depuis un bon moment, une petite faim picotait son estomac. Mais absorbé par l'histoire de son ami, il avait oublié de se nourrir. Péniblement, Mek Toubek reprend le fil de son récit.
Il raconte que le noiraud a brusquement éclaté en sanglots. Après quoi, plongeant sa main droite profondément au fond des vêtements fatigués et délavés qui couvrent son corps, il sort un grand morceau de tissu décoloré et chiffonné, se mouche dedans longuement et méticuleusement, s'en éponge les yeux et le visage, puis le remet dans le trou qui le contenait. Ensuite, ajoute Mec Toubek, l'homme s'approche de lui lentement, comme s'il craignait de tomber en ruine, et se met à l'observer avec des yeux jaunes presque entièrement cachés par des paupières noires et plissées comme un pruneau sec : « Qui es-tu ? Comment oses-tu pénétrer dans ma maison et salir ma réputation ? Qui t'a élevé de cette manière, espèce de chien ? Si tu es encore en vie jusqu'à maintenant, c'est grâce à ce cochon de Kaddour qui a les yeux braqués jour et nuit sur les maisons des gens ! Sinon, à l'heure qu'il est, tu serais une viande en train de se vider de son sang sur le ciment de ce garage ! Je t'aurais déjà coupé la gorge ! »
Mec Toubek s'interrompe un instant pour reprendre son souffle puis poursuit son histoire. Il dit que le noiraud, après avoir examiné avec curiosité ses habits et son casque traducteur, a dit : « Qui es-tu ? Pourquoi es-tu habillé de la sorte ? Quel est cet objet bizarre que tu as sur la tête ? De toute ma vie, depuis que je m'agite sur cette terre, depuis que j'ai quitté le ventre de ma mère, je n'ai jamais vu pareil costume sur un être humain ! On dirait que tu sors d'un film ! Qui es-tu ? Parle ! »
Mec Toubek rapporte qu'il a répondu par ces paroles : « Je suis un Mélancolicien. Je viens d'une autre planète. C'est la première fois que je visite la terre... » Mais le noiraud a crié, le réduisant au silence : « Tu te fous de ma gueule, fils de chien ! Je vais t'écrabouiller le visage avec une hache pour te montrer qui je suis ! Vous avez entendu ? Ce mignon vient d'une autre planète ! Alors, explique-moi enfant de garce ! Si tu viens d'une autre terre, comment se fait-il que tu parles et que tu comprennes notre langue ? »
Mec Toubek dit qu'il a eu cette réponse : « Je ne parle pas votre langue. C'est ce casque qui me permet de vous parler et de vous comprendre. Il est muni d'appareils qui traduisent automatiquement vos paroles en ma langue et les miennes en la vôtre. Si vous désirez une preuve de ce que je dis, appuyez sur le bouton jaune de la commande bleue fixée à ma ceinture, et vous m'entendrez parler en ma langue maternelle. Ensuite, si vous voulez que je puisse continuer de communiquer avec vous, il vous faudra appuyer alors sur le bouton rouge. » Les hommes demeurent à leur place, visiblement troublés par ce qu'ils viennent d'entendre.
Leurs visages expriment une curiosité inquiète et soupçonneuse. Mais ils ne disent rien lorsqu'ils voient les doigts osseux et tremblants de leur père se tendre vers le bouton jaune.
Mec Toubek raconte qu'il s'est mis ensuite à parler en sa langue, disant ces quelques mots : « Vrik tisvac dida dida jlig chnouc bresk dida dida Zouli. » Les hommes le regardent d'un air abruti, la bouche ouverte. Le moustachu au regard torve se met à crier et à gesticuler, zébrant l'air de son couteau. Le noiraud ne lui accorde aucune attention, tend la main vers la commande, applique doucement son index sur le bouton rouge, et fait des signes à Mec Toubek, lui demandant de répéter ce qu'il vient de dire. Comprenant ce qu'on exige de lui, Mec Toubek reprend : « Zouli est jolie ! Je ne lui faisais pas de mal ! Je la consolais ! » Le moustachu aux yeux torves explose : « Il ne manquait plus que ça ! Ce singe se moque de nous ! C'est de ta fille Zoulikha qu'il parle ainsi papa ! Il l'appelle Zouli ! Qu'attendons-nous pour lui trancher le cou ? » Mais le noiraud frappe violemment le sol de son pied droit en aboyant : « Ferme ta gueule ! J'ai besoin de calme pour mener à bien mon enquête ! Je ne veux pas d'idiots qui gigotent autour de moi quand je réfléchis ! Pose ce couteau et tiens-toi tranquille ! Je t'ai déjà expliqué que c'est moi qui commande dans cette maison ! Maintenant, je dois découvrir un moyen qui me prouvera que ce voyou n'est pas en train de m'embobiner. Je vais me concentrer sur le problème. Silence ! »
Mais la voix du jeune homme qui porte des lunettes empêche le silence de s'établir. Il s'approche de son père et déclare : « Papa, je crois que j'ai la solution de ton problème ! C'est simple ! Tu mettras son casque et lui parlera en ce qu'il prétend être sa langue maternelle ! S'il ne ment pas, ses paroles parviendront à tes oreilles traduites en notre langue ! Sinon, ça voudra dire qu'il a inventé toute cette histoire pour échapper au châtiment ! Es-tu d'accord, papa ? » Le visage du noiraud s'illumine : « Tu as raison, mon fils ! C'est une chance d'avoir un gosse aussi intelligent que toi ! Nous allons immédiatement appliquer ta solution ! Détachez-le pour qu'il puisse enlever son casque. Je ne veux pas que cet appareil soit bousillé par vos mains tordues ! »
Mais la porte s'est ouverte et une femme est apparue dans l'encadrement. C'est celle à qui le noiraud avait demandé d'examiner Zouli avec une torche électrique. C'est son épouse. Elle dit : « La lumière a confirmé les dires de ma mère. La folle est intacte. RAS. Je l'ai fouillée de fond en comble. Mais sa chair est brûlante. Mais ses lèvres sont gonflées et rouges comme des coquelicots. Ce chien l'a ensorcelée. Je l'ai baillonnée une deuxième fois pour que les filles n'entendent pas les paroles enflammées que lui souffle le Diable. Cependant, ma mère n'est plus à la maison. J'ai envoyé notre fils aîné la chercher dans la rue et les environs. Elle a disparu. Elle a sûrement entendu les durs propos que tu as eus à son sujet tantôt. En dépit des apparences, elle possède des oreilles très fines. Elle est capable de capter des paroles prononcées dans les maisons situées de l'autre côté de la rue ! Sa mémoire doit être peuplée de secrets. Et comme elle est très fière, elle est partie. Elle a donc disparu. »
Mec Toubek raconte qu'ayant entendu ces paroles, le jeune homme qui porte des lunettes s'est avancé vers son père et a déclaré : « Papa, si elle n'est pas à la maison, il est très possible que ma grand-mère soit chez ce sanglier de Kaddour. Comme il est toujours aux aguets, il l'aurait vue sortir et l'aurait emmenée chez lui. Si c'est là la vérité, alors ce salaud est en ce moment en train de la cuisiner pour savoir ce qui se passe chez nous. Pour se venger de ce que tu as dit sur elle, elle va tout lui dire. Papa, notre réputation est en danger ! Bientôt, tout le peuple algérien saura que nous avons surpris un étranger sur la terrasse de notre maison en train de déshonorer ta fille.»
(A suivre)
*La première partie de ce texte a été publiée par le Quotidien d'Oran le jeudi 03/06/2010.


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