A partir du 21 juin prochain, les 6.000 travailleurs du plus grand complexe sidérurgique du pays, appartenant au géant mondial de l'acier ArcelorMittal, observeront un débrayage illimité à l'appui de revendications socioprofessionnelles. C'est ce qu'a annoncé, hier dimanche, le secrétaire général du syndicat d'entreprise, Smain Kouadria, selon lequel «les portes du dialogue restent ouvertes» avec la direction générale d'Arcelor Mittal-Annaba. Le service minimum sera cependant observé, a-t-il précisé. La plateforme des revendications du syndicat d'entreprise porte globalement sur deux aspects : mise en place de négociations de branches pour une augmentation des salaires, et les mesures d'accompagnement pour le régime de retraite. La décision de la grève illimitée a été prise jeudi lors d'une assemblée générale organisée au complexe sidérurgique. Quelque 6.000 travailleurs présents à l'assemblée générale avaient voté à main levée pour une grève illimitée, en présence d'un huissier de justice. Un préavis de grève a été déposé hier dimanche auprès de l'inspection du travail d'El Hadjar, en vue d'un arrêt de travail qui serait effectif à partir du 21 juin 2010. L'issue de l'AG des travailleurs, convoquée mardi dernier par le secrétaire général du syndicat, après l'échec d'une réunion tenue samedi en présence du wali de Annaba pour rapprocher les points de vue, était prévisible. Dans un communiqué au ton menaçant, le syndicat avait alors annoncé être entré dans une «phase de rupture de dialogue avec la direction générale» de l'usine. En mai dernier, le syndicat d'entreprise avait introduit une demande de conciliation auprès de l'inspection du travail d'El Hadjar (Annaba) avec une plateforme de revendications socioprofessionnelles portant sur des négociations pour la mise en place de conventions de branches et le régime de retraite. Pour la direction générale d'Arcelor Mittal, représentée par son directeur général Vincent Le Gouic, «il est possible d'appliquer la convention de branche, si la loi nous l'impose». «Nous avons demandé à notre partenaire social de se référer à la justice pour régler ce problème de convention de branche», a-t-il indiqué. Pourtant, selon Le Gouic, Arcelor Mittal Annaba avait mis en place en juillet 2009 en coordination avec le syndicat un système de rémunération «plus intéressant» que la convention de branche réclamée aujourd'hui par ce même syndicat. La direction générale du complexe, qui avait réagi mardi dernier à l'appel à la grève en estimant notamment que la situation de l'usine Arcelor Mittal Annaba «peut rapidement devenir difficile en cas d'une nouvelle grève», a affirmé que le salaire de base moyen des travailleurs a «augmenté de 25 pour cent depuis janvier 2009 et augmentera encore de 5% le premier juillet prochain». Au mois de janvier dernier, une grève générale de neuf jours avait paralysé le complexe, après des rumeurs de fermeture de la cokerie. L'intervention de l'Etat à travers Sider, l'ancien propriétaire public du complexe, a ramené le calme et les ouvriers ont regagné leurs postes de travail, après avoir obtenu un plan d'investissements d'Arcelor Mittal de 200 millions de dollars sur la période 2010-2014 pour moderniser les équipements de cette cokerie. Au passage, la grève de neuf jours avait coûté quelques 6 millions de dollars au géant mondial de l'acier. La décision de bloquer les principales activités du complexe d'El Hadjar mettra à mal les objectifs d'Arcelor Mittal d'atteindre les 2 millions de tonnes de production, et de remplir son carnet de commandes pour l'année 2010. Côté syndicat, la grève travaille généralement en faveur d'un assouplissement de la position de la direction générale, obligée d'ouvrir des négociations pour ne pas perdre sa clientèle, notamment à l'international, alors que la demande mondiale de l'acier reprend progressivement sur le sillage de la reprise économique.