Le mouvement de grève générale et illimitée observé depuis mardi par les employés d'ArcelorMittal Algérie à la demande du syndicat du complexe sidérurgique d'El Hadjar, après le refus des responsables de la direction générale de réhabiliter l'unité de la cokerie, semble connaître un durcissement. Selon le premier représentant des travailleurs, qui déclare que le débrayage devrait se prolonger jusqu'à ce que la revendication principale du syndicat soit prise en charge autant par le groupe ArcelorMittal que par les pouvoirs publics, les unités de production du complexe resteront paralysées tant qu'il n'y aura pas un geste fort de la part des parties concernées. Pour faire entendre leur voix, et surtout amener la direction générale à revoir sa position, les travailleurs ont effectué une impressionnante marche longue de près de 5 kilomètres, jeudi, au sein du complexe au siège du groupe Sider de Chaiba. Une manifestation qui n'a toutefois pas provoqué de réaction notable de la part d'ArcelorMittal, regrettent les syndicalistes. Les représentants du numéro un mondial de la sidérurgie, avec des entreprises dans plus de 60 pays, semblent faire la sourde oreille aux doléances des syndicalistes et continuent d'affirmer qu'il existe beaucoup de problèmes à résoudre, en particulier au plan environnemental, ajoutant que ArcelorMittal a la capacité de sécuriser l'approvisionnement de l'usine en coke et affirmant surtout que la cokerie n'est pas au cœur du processus de fabrication de l'acier. Le syndicat a, par ailleurs, rejeté un plan d'investissement d'un montant de 200 millions de dollars proposé par ArcelorMittal sur quatre ans (2010-2014), le jugeant insuffisant parce que n'incluant pas la cokerie justement. Ceci alors que Amar Belkacemi, le Pdg du groupe public Sider, qui détient 30% du capital du complexe d'El Hadjar, s'adressant jeudi aux grévistes, a donné son accord à un plan de développement de toutes les installations de l'usine sans exception, lors de son intervention. Contacté par nos soins, le secrétaire général du syndicat d'entreprise affirmait hier que la direction générale de ArcelorMittal Algérie a demandé l'accord du gouvernement algérien pour négocier avec les parties concernées un plan global d'investissements sur quatre ans, visant à moderniser toutes les unités du complexe, y compris la cokerie, ce qui est un fait nouveau, appréciera le syndicaliste. Evoquant la situation économique du complexe d'El Hadjar, ce dernier se désolera devant le fait que l'Algérie perde près de 4 milliards de dollars annuellement dans l'importation des produits sidérurgiques de moindre qualité que ceux produits par ArcelorMittal. Profitant du fait que la production nationale n'est pas protégée, des importateurs privés sont, selon lui, favorisés et inondent le marché. Nous apprendrons également de la part de Smaïn Kouadria que les liens ne sont pas rompus avec la direction générale dans la recherche d'un consensus et le dégel de la situation explosive qui prévaut à El Hadjar. Selon le syndicaliste, la direction générale d'ArcelorMittal n'a pas manqué de relever officiellement la qualité du travail accompli avec les partenaires sociaux depuis juillet 2009. Son premier responsable, Vincent Legouic, a souligné dans un communiqué rendu public jeudi après-midi, que «ce travail participe grandement de l'amélioration de (ses) résultats en Algérie». Toujours à travers ledit communiqué, la direction générale réaffirme sa volonté de poursuivre le dialogue avec les partenaires sociaux. «Des engagements sont pris pour la revalorisation des métiers clés de production, l'intégration chaque fois que c'est possible des sous-traitants intervenant dans le process de fabrication, la mise en place de critères d'évaluation du personnel et de la gestion des carrières», indiquant que la direction «privilégie des solutions négociées et rapides tournées vers l'avenir, respectueuses de l'environnement, économiquement et industriellement responsables».