De la pièce détachée à l'alimentaire, aucun produit n'échappe à la contrefaçon en Algérie. Et bien évidemment, les cosmétiques ne sont pas épargnés par le phénomène. Une enquête établie par le ministère du Commerce fait état d'un taux d'infraction en matière de contrefaçon de l'ordre de 40% dans les cosmétiques. Ces produits, qui passent entre les mailles du filet des services de contrôle, mettent en danger la santé des consommateurs, qui parfois ont recours à ce genre de produits à cause de la baisse du pouvoir d'achat. Fabriqués clandestinement en Algérie ou importés de Chine et d'autres pays asiatiques, les produits cosmétiques contrefaits sont vendus dans les magasins, les marchés et sur les trottoirs, au vu et au su de tout le monde. Et ce sont souvent les produits qui ont fait leurs preuves, notamment les plus chers, qui sont les plus exposés à ce phénomène. Au niveau du marché de M'dina Jdida, des produits cosmétiques, des déodorants aux crèmes en passant par les lotions, dont les emballages ressemblent étrangement, à s'y tromper, aux produits d'origine, sont proposés à des prix très attractifs, quatre à six fois moins cher que les produits d'origine. Les prix affichés varient entre 20 dinars pour les trace-lèvres et crayons pour les yeux à 400 dinars pour l'écran total et les crèmes antirides. L'absence de contrôle et l'inconscience des consommateurs sont des facteurs favorisant la propagation de ce phénomène. Mais derrière ces tarifs alléchants, se cache la grande arnaque. Le consommateur ne se rend pas toujours compte des séquelles que peuvent causer ces produits, notamment ceux appliqués sur les parties les plus sensibles du corps, à savoir la tête et le visage. Dans la plupart des cas, les femmes sont les plus exposées au danger pour l'usage excessif de ces produits. Fatiha, 28 ans, fonctionnaire, est l'une des «victimes» de ces produits. «J'ai acheté un écran total d'une marque très connue à 350 dinars à M'dina Jdida (alors que le produit d'origine coûte quatre fois plus cher). Le premier jour de son application et après une exposition au soleil, mon visage est devenu tout rouge, mais je n'ai pas réagi. Au bout de cinq jours, mon visage a été couvert de boutons. Alors j'ai dû débourser 3.000 dinars pour une visite chez le dermatologue et l'achat des médicaments», dira-t-elle. Le cas de Fatiha n'est pas isolé. Les spécialistes indiquent que ces 20 dernières années, ce type d'allergie est devenu deux fois plus fréquent. De nombreux produits cosmétiques importés, notamment de Chine, sont de composition douteuse et peuvent provoquer des problèmes de peau, allant des simples gratouilles aux eczémas et aux allergies, la chute des cheveux, voire au cancer de la peau. Contrefaits ou d'origine au même prix ! Ces produits contrefaits et d'imitation de marques connues, qu'on ne retrouvait jusqu'à un certain moment qu'au niveau des marchés informels, ont fait leur entrée dans les magasins de luxe, et ce dans la plupart des grandes villes. Et c'est là que ceux qui «ne s'y connaissent pas» se font arnaquer. Certains se trompent et achètent des produits contrefaits, imitant les originaux à la perfection, à tel point que le client n'arrive pas à distinguer entre la copie et le vrai, et paie souvent le prix fort. «Il est difficile d'identifier à première vue les produits contrefaits, surtout ces dernières années où la technologie a joué un important rôle dans la propagation de ce phénomène. Les contrefacteurs utilisent des machines et des techniques d'emballage très sophistiquées ce qui rend la détection difficile», dira M.B. Mounir, un commerçant, affirmant que leur détection requiert une certaine connaissance et une formation pour dissocier le vrai produit du faux. Néanmoins, certains détails sur l'emballage, l'absence de cellophane, le numéro de lot et les prix sont des facteurs d'avertissement. Signalons qu'une étude a été lancée par le ministère dans le but d'inventorier les produits cosmétiques contrefaits nationaux ou en provenance de l'étranger et en vente sur le marché local afin de contribuer à la création d'une banque de données nationale sur ces produits. Dans ce sens, un cycle de formation a été organisé par le ministère du Commerce pour permettre aux agents de la qualité de se former sur les méthodes de détection des produits contrefaits. L'administration douanière arrive parfois à déjouer les tentatives de contrefaçon grâce aux alertes données par les propriétaires des marques. Les produits contrefaits ne sont interceptés qu'après dépôt de plainte de la part des détenteurs des marques d'origine. Ceux dont la marque n'est pas représentée en Algérie ou n'est pas couverte par un brevet ne peuvent déposer plainte et laissent ainsi libre cours aux contrefacteurs d'introduire sur le marché algérien toutes sortes de produits dangereux pour les consommateurs. Les saisies de produits contrefaits importés frauduleusement ont concerné 1,64 million d'articles en 2009, contre 1,59 million en 2008, selon la douane. Les produits cosmétiques représentent 30,18% des articles saisis (contre 86,21% en 2008), correspondant à 496.233 articles importés illicitement.