Le ministère des Affaires religieuses penserait alors à concocter un code du «bon imam» pour donner plus de «conscience patriotique» à des hommes de culte fonctionnaires malgré eux. Soumis aux «irradiations» inévitables du monde nébuleux de la politique, l'imam, selon le chef d'inculpation «officiel», serait aujourd'hui un Algérien proche de Dieu mais si loin du pays au point qu'il refuse de saluer le drapeau ou même de se lever à l'intonation de l'hymne national. L'atteinte aux symboles de la nation étant un acte punissable par la loi, l'imam serait-il un justiciable comme les autres que sa proximité avec l'autre justice fait de lui un fautif multiplié par autant d'Algériens nés sous l'étoile du pays de Abdelhamid Ben Badis? Mais saperlipopette !, qu'est-ce qu'un code du «bon imam» (à supposer qu'il y ait en face de mauvais imams) et que cela peut-il bien signifier aux yeux du profane comme à ceux de «l'éclairé» ? Le bréviaire du «bon imam» serait-il à simplement obliger l'homme de culte, employé de l'Etat devant l'éternel, à apprendre l'hymne national par coeur et saluer l'emblème national, même posé sur un socle ébréché, lui-même posé sur un grand bureau bancal ? Mais en attendant de percer cet épais mystère de ce nouveau code de l'imamat, l'imam serait-il le seul Algérien, enturbanné ou pas, barbu ou imberbe, à souffrir d'un déficit d'amour du pays quand on sait (pour parler comme les pédants) que par strates socio-historico-culturelles, le subconscient collectif fait passer Dieu avant le pays et la patrie avant l'imam ? Sous les latitudes chloroformées d'un peuple en quête éperdue de ses repères égarés, en quoi l'imam, dans son faux rôle de directeur de conscience d'une société originellement dédiée à croire en la même Immanence, est-il le seul à avoir besoin d'un code de bonne conduite dans un pays où personne, du plus haut juché jusqu'aux occupants des sous-sols décrépis, veut toujours manger à lui seul le grand gâteau national sans jamais daigner laisser traîner un traître croûton, en veillant à toujours couper la main généreuse de celui qui le nourrit ? L'imam étant un être humain supposé faillir le moins possible comparé à ses congénères moins fidèles (à qui ?) que lui, pourquoi alors penser à imposer un code de bonne de conduite à l'homme de culte lorsque tous les hommes en faux col blanc ou en costume de gangster, ont tous besoin d'un code pour ne pas mal se conduire dans une sorte de rapport de la mère à l'enfant, ce dernier fourrant toujours sa main baladeuse sous l'aisselle de sa génitrice pour chiper le portefeuille qui se cache dessous Alors après les imams harraga, les imams «rebelles», les imams «Ccpéisés», les imams guérisseurs, le jour viendra-t-il où le pays peut-être la solution en «cléricalisant» la profession pour créer des imams haut gradés, chargés de faire aimer, par la force de la baïonnette, la patrie martyrisée au reste des imams de troupes ?!