Le discours de la fête du trône,prononcé vendredi dernier par le souverain marocain Mohamed VI continue de susciter la réprobation des principaux acteurs du conflit du Sahara Occidental. Ce discours, que d'aucuns dans cette partie du Maghreb avaient espéré «calme, apaisé et serein, annonciateur de la fin du conflit» au Sahara Occidental, a, au contraire, ravivé les pires inquiétudes pour l'avenir politique de ce territoire. Pour le président sahraoui Mohamed Abdelaziz, le «discours du Roi (du Maroc, NDLR) est une agression et une guerre ouverte contre le droit du peuple sahraoui». Ce discours, a-t-il indiqué dans une intervention à la Radio Chaîne 1 dimanche, confirme «le retour, une fois de plus, de la politique du dossier clos adoptée par le Maroc depuis les années 70 et qui n'accepte aucune alternative ni négociations», précise le président sahraoui. Bien plus, Mohamed Abdelaziz estime que «ce discours contrarie les décisions de l'Union africaine et la communauté internationale, ce qui implique que les Nations-unies doivent tirer les leçons qui s'imposent et prendre leurs responsabilités pour faire respecter ses décisions et résolutions devant cet entêtement marocain». Le point fort du discours de Mohamed VI est ce passage dans lequel il réaffirme que «en tout état de cause, le Maroc continuera à défendre sa souveraineté, son unité nationale et son intégrité territoriale, avec la détermination de ne pas renoncer au moindre pouce de son Sahara». Il a, également, rappelé qu'il n'acceptera dans ses négociations avec le Front Polisario sous les auspices des Nations-Unies, que sa seule proposition qui est celle d'une marge autonomie au Sahara Occidental, mais sous la souveraineté politique du Maroc. Mais, pour le président sahraoui, cette proposition d'une large autonomie dans ce territoire «est une confirmation de l'occupation illégale du Sahara Occidental, comme elle a fermé toutes les portes du dialogue et bloqué les négociations de paix sous l'égide de l'ONU, ne prenant en compte que sa seule vision des choses», avant de relever que «le Maroc porte l'entière responsabilité de ce blocage de la question sahraouie». Dès lors, le président sahraoui a appelé l'ONU à envisager des «sanctions économiques et politiques contre le Maroc pour l'obliger à respecter la légalité internationale, et accepter un référendum libre et démocratique pour l'autodétermination du peuple sahraoui». Concernant le processus de négociations de Manhasset, sous les auspices de l'ONU, Mohamed Abdelaziz a indiqué que «la date du 5é round de (ces) négociations n'a pas été encore définie. Depuis le mois d'avril dernier, nous attendons d'entrer dans cette phase, mais le blocage de la partie marocaine met en péril ce processus, et les efforts de l'envoyé personnel du SG de l'ONU pour le Sahara Occidental sont donc sapés par les obstacles dressés par le Maroc, notamment après un tel discours». Par ailleurs, le président sahraoui est revenu sur la situation des droits de l'homme dans les territoires occupés, qu'il a qualifiée de préoccupante. Il a surtout rappelé que le Maroc a construit une vaste ceinture de sécurité autour des territoires occupés de 2700 kilomètres sur lesquels il a disséminé son armée, posé des mines et restreint les libertés individuelles des Sahraouis. Il a, à ce titre et tout en rappelant les conditions extrêmes des prisonniers politiques sahraouis dans les prisons marocaines où la plupart observent régulièrement des grèves de la faim pour dénoncer leurs conditions de détention, invité la Minurso à intervenir pour faire respecter les droits de l'homme au Sahara Occidental, en attendant d'organiser et de superviser un référendum d'autodétermination pour le peuple sahraoui. Samedi, le gouvernement sahraoui avait lancé un appel aux Nations-Unies pour «faire respecter la légalité internationale et les résolutions du Conseil de Sécurité dans le dossier de décolonisation au Sahara Occidental». En réaction au discours du monarque marocain, les autorités sahraouies ont mis en garde la communauté internationale contre cette attitude du Maroc, qui n'a «aucune volonté sincère de coopérer de manière constructive en faveur d'une paix durable et définitive, conformément à la légalité internationale». Dans un communiqué du ministère sahraoui de l'information, les autorités de la RASD avaient précisé que «le discours (du roi du Maroc) consacre la politique expansionniste marocaine adoptée depuis plus de 35 ans».