Comme cela était prévisible, en dépit des instructions notifiées par le ministère du Commerce et adressées aux différentes directions du contrôle de la qualité et des prix, la mercuriale s'affole brusquement à trois jours de l'entame du mois sacré. Des augmentations de prix, au grand dam du consommateur, ont touché divers produits de large consommation, en sus des spéculations qui battent leur plein. La soudaine hausse a été constatée dans un premier temps dans les fruits et légumes avant de s'élargir insidieusement vers les autres produits. Proposée entre 25 et 35 dinars le kg, quelques jours auparavant, la pomme de terre, nécessaire à la cuisine des bourses modestes, est cédée entre 40 et 50 dinars depuis le début de la semaine en cours. Son prix va connaître à coup sûr une autre envolée dans les jours à venir, au même titre que les autres légumes. Des hausses de prix sensibles ont été également relevées pour les tomates, qui étaient proposées entre 20 et 25 dinars la semaine dernière seulement, et qui ont atteint ces dernières 24 heures les 30 dinars le kg, voire plus dans certains marchés situés dans les quartiers huppés d'Oran. Le même constat est établi pour les viandes de volaille, ovine et bovine. Le poulet a pris des ailes et est ainsi proposé entre 330 et 350 dinars le kg, alors que la ménagère déboursait entre 220 et 250 dinars pour le même poids moins de deux semaines plus tôt. «On ne s'étonne désormais plus devant cette subite hausse, qui se manifeste chaque année à l'approche du mois de carême. Le contraire pourrait certainement susciter des interrogations. Les responsables concernés sont dépassés en matière de régulation de marché. L'informel et les spéculateurs y sont à coup sûr pour beaucoup», a fait remarquer un fonctionnaire abordé au niveau de la rue commerçante des Aurès (ex-La Bastille), avant de renchérir, «les contrevenants devraient être pénalisés conformément aux textes de la loi en vigueur afin de tenter de juguler quelque peu ce phénomène, qui prend des tendances alarmantes dans notre pays». Le poisson n'a pas dérogé à la loi imposée en toute impunité par les spéculateurs. Ainsi le prix de la sardine a quasiment doublé ces trois derniers jours. Disponible sur les marchés de la ville, moins de dix jours auparavant, entre 120 et 150 dinars le kg, celle qui faisait le plat du pauvre dans un passé encore vivace, est cédée depuis hier à raison de 350 dinars le kg. Les poissonniers invoquent sans convaincre les mauvaises conditions météorologiques, qui ont été pires en période hivernale sans pour autant susciter l'augmentation de son prix, en tous cas une hausse pareille. Les autres espèces de poissons sont proposées à des prix exorbitants, qui émeuvent le plus aisé des consommateurs. Les merlans, le rouget et les crevettes font presque partie d'un rêve pour les bourses modestes. «Leurs relents qui émanent des habitations me font rêver. Mon palais ignore leur goût», a ironisé un père de famille.