Une virée dans n'importe quel marché ou autre lieu commercial permet de constater que, d'un jour à l'autre en cette veille de ramadhan, les prix des produits et denrées alimentaires subissent d'inexplicables retouches toujours à la hausse. Même la pomme de terre, dont le prix avait paru se stabiliser depuis quelques mois aux alentours des 25-30 dinars le kilo, fait des siennes, puisqu'elle est subitement proposée à 45-50 dinars le kilo. Et rien ne dit que son prix en restera à ce plafond. Pourtant, s'agissant de ce féculent, il nous a été trompeté qu'il n'y avait aucun risque de voir se reproduire le scénario qui, les années précédentes, a fait que son prix avait atteint les 100 dinars/kg. Mieux, l'on a donné l'assurance que des dispositions ont été prises pour garantir qu'il se maintiendra à un niveau acceptable pour le porte-monnaie des consommateurs. Sous la forme de stocks de sécurité constitués par l'Etat en vue de réguler, si nécessaire, la disponibilité du produit sur le marché et, par voie de conséquence, d'influer sur son prix. A s'en tenir donc aux déclarations officielles, la hausse dont est l'objet le prix de la pomme de terre n'a rien à voir avec la loi de l'offre et de la demande. Que font alors les services étatiques en charge de faire respecter un minimum d'honnêteté et de morale sur les marchés ? S'ils se donnent la peine de faire voir l'autorité de l'Etat, telle qu'elle lui est conférée par la réglementation en vigueur, ils auraient mille et une possibilités de confondre et sanctionner les suceurs de sang des consommateurs, que sont beaucoup de nos commerçants et autres opérateurs du secteur de la distribution. C'est sur la valse des prix que le citoyen focalise avant tout ses récriminations. D'autres arnaques s'ajoutent pourtant à cette valse incompréhensible des prix. Celle par exemple sur la qualité des produits et denrées proposés. La pomme de terre, par exemple, qui est en vente est loin d'être d'une fraîcheur attrayante; souvent même on répugne à son achat, sauf que faute de choix on ferme les yeux. Selon les légumiers dont elle garnit les étals, cette pomme de terre a pâti des mauvaises conditions de stockage dont elle a fait l'objet. Ce qui ne les empêche pas d'en hausser le prix à leur convenance. L'autre arnaque dont sont victimes les consommateurs est celle de la pesée. Opération qui, chez beaucoup de commerçants ou légumiers, est faite sur des balances antédiluviennes et avec des poids dont l'étalonnage laisse franchement à désirer. Avec des prix qui assomment, une qualité qui laisse souvent à désirer et des balances qui penchent toujours en leur défaveur, les consommateurs sont grugés et plumés dans les grandes largeurs. Ce n'est que le début car, à n'en point douter, l'essorage de leur porte-monnaie va aller crescendo pendant le mois de ramadhan. Pourquoi en effet nos spéculateurs cesseront leur juteux exercice quand l'Etat, après avoir brandi le bâton, se fait absent ou si peu présent sur le terrain ?