L'Algérie compte s'ouvrir aux organisations de défense des droits de l'homme, a déclaré Me Farouk Ksentini, citant une décision du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, qui aurait même, ajoute le président de la CNCPPDH, ordonné d'accélérer ce processus. Une quinzaine d'organisations gouvernementales, en provenance de France, des Etats-Unis, du Canada et du Maroc, ainsi que toute autre organisation non gouvernementale activant dans le domaine de la défense des droits de l'homme, peuvent désormais venir activer en Alger, a déclaré Me Ksentini à Radio Algérie internationale. Contacté hier, il nous a expliqué qu'il s'agit bien d'une «volonté ferme» de permettre à ces ONG de venir «autant de fois qu'elles le désirent» et «pour la date et la durée qu'elles veulent pour activer et vérifier que toutes les informations dont elles disposent en matière d'atteintes présumées à l'intégrité humaine en Algérie sont inexactes». En d'autres termes, elles auront un «accès définitif et régulier», soutient-il. Selon lui, des «instructions fermes ont été données aux représentations diplomatiques algériennes pour faciliter l'octroi des visas à toute ONG qui en fait la demande». Invité à donner plus de précisions sur l'identité de ces ONG, il en citera quelques-unes, à savoir la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH), Human Rights Watch (HRW) et Amnesty International, soit celles qui ont le plus émis de rapports critiques sur la situation des droits de l'homme en Algérie durant les années 90 et bien après. A travers cette démarche, «l'Algérie veut prouver que c'est un Etat de droit», commente Me Ksentini qui affirme que les portes des prisons «sont ouvertes» pour ces ONG. «Nous voulons démontrer qu'il n'existe pas de lieux de détention secrets. Les ONG pourront aller là où elles voudront, on les conduira sans hésiter. Elles devront se référer à leurs sources qui ont accusé l'Algérie de disposer de prisons secrètes», précisera-t-il encore. Pourront-elles visiter des casernes ? «Ça m'étonnerait. C'est une question de Défense nationale. Elles pourront visiter toutes les institutions civiles», nous répond-il. «L'Algérie revient à la normalité. Nous nous alignons sur les autres démocraties», tient-il à ajouter. Est-ce à dire que nous n'étions dans la normalité ? «Non, mais nous avions des rapports tendus avec les ONG. Rappelez-vous, le «Qui tue qui ?». Ces ONG faisaient croire que l'Etat algérien combattait une opposition et non pas des terroristes sanguinaires qui massacraient des populations civiles», nous répond Me Ksentini. A la question de savoir si d'éventuelles visites d'endroits susceptibles de contenir des charniers seront autorisées, notre interlocuteur nous répond sans hésiter: «Nous n'avons rien à cacher. On se prêtera au jeu». Précisant toutefois «qu'il s'agira seulement de savoir si les charniers sont l'œuvre des terroristes ou bien contenant des terroristes». Ou peut-être des ossements de disparus ? interrogeons-nous «Que les ONG nous les montrent ces charniers. L'Etat n'a jamais nié l'existence des disparus. Nous avions toujours dit que l'Etat est responsable et non coupable. Il s'agit bien d'agents de l'Etat qui ont agi illicitement, et dont l'identification est impossible, puisqu'il n'existe pas d'archives ni de témoignages», conclut Me Ksentini.