Le bureau de Constantine de la Fédération des boulangers, organisation syndicale qui active sous l'égide de l'UGCA, a voulu marquer la commémoration de la Journée mondiale du Pain, le 16 octobre, en organisant une conférence de presse au siège du syndicat des commerçants. Au cours de cette rencontre, la situation de la corporation a été passée en revue et largement commentée par ses membres et une représentante de la Chambre de l'artisanat et des métiers (CAM) de Constantine. De même qu'une copie de la lettre du 10 octobre, adressée par le président de la Fédération des boulangers au ministre du Commerce, a été remise aux journalistes présents. Dans cette correspondance, on apprend que M. Kalfat, après avoir décrit les problèmes rencontrés par les boulangers algériens, vient de lancer un SOS «à toutes les institutions concernées, les invitant à réfléchir à une solution durable et équitable afin de préserver cette noble profession», aujourd'hui en voie de disparition. Cet appel alarmiste a été confirmé par le conférencier, M. Bouguerne, responsable de la Fédération au niveau de la wilaya de Constantine, lequel ne manquera pas de révéler que de 552, il y a quelques années, le nombre des boulangeries en activité dans la wilaya est descendu à 211 actuellement. «Le reste a progressivement baissé le rideau car aucun d'eux n'a pu supporter davantage les charges en constante augmentation, les sévères dispositions édictées par la loi n°09-03 du 27 février 2009 relative à la protection du consommateur et à la répression des fraudes, cette dernière ayant rendu la situation des boulangers et des pâtissiers intenable. Nous comptons saisir le ministre pour demander un allégement de cette loi et l'augmentation du prix de la baguette». Selon Mme Facih, représentante de la Chambre de l'artisanat et des métiers de Constantine, «son organisme pourrait contribuer grandement à l'assainissement du secteur pour peu que les boulangers y adhérent. Ainsi, ils acquerront le statut d'artisan grâce auquel ils pourront bénéficier d'un abattement sur les impôts. Selon elle, par cette voie, la profession, qui est actuellement galvaudée, sera débarrassée des arrivistes et de ceux qui ne maîtrisent pas cet art traditionnel, car la carte d'artisan ne sera délivrée qu'à ceux qui feront preuve de métier et répondront aux «règles d'or» appliquées universellement aux personnels de la boulangerie et de la pâtisserie», expliquera-t-elle. Un débat très animé s'engagea entre quelques boulangers présents à la conférence. Ces derniers évoqueront le lancinant problème de la formation et de la relève en disant que chez nous, en Algérie, le métier de boulanger a toujours été une affaire d'héritage qui se transmet de père en fils et non une question de diplôme. Certains déploreront que beaucoup de patrons rechignent à former les jeunes qu'ils reçoivent en formation, préférant garder jalousement pour eux les secrets de l'art. A la fin de la conférence, le responsable du bureau de wilaya du syndicat des boulangers annoncera que le concours des boulangers, pâtissiers et briochers au niveau de la wilaya a été reporté au mois de janvier 2011.