Une centaine de Marocains ont tenté de perturber l'ouverture solennelle de la 36ème conférence européenne de soutien au peuple Sahraoui, dans la soirée de vendredi, au Mans. Munis de banderoles et clamant des slogans hostiles au Polisario, au président de la RASD Mohamed Abdelaziz ainsi qu'à l'Algérie, les « manifestants », dépêchés de la capitale française par bus et par train, ont essayé en vain de provoquer des heurts devant l'esplanade du palais des congrès de la ville du Mans en France. Des dizaines de policiers antiémeutes ont été dépêchés sur les lieux pour empêcher des débordements, voire une confrontation. Même des militants de plusieurs partis politiques de la ville du Mans, notamment de la gauche et de l'extrême gauche, sont intervenus pour dissuader les manifestants marocains de se rapprocher du palais des congrès. Hier encore, quelques dizaines de Marocains se proclamant « Sahraouis » sont revenus à la charge vers 16 heures dans une manifestation pathétique devant le palais des congrès. Ces «Sahraouis» autoproclamés brandissaient le drapeau marocain, le portrait du Roi Mohammed VI et surtout des banderoles où il est écrit: «Association Sahraouie de soutien au projet d'autonomie». Auparavant, les «manifestants» marocains, dont des enfants âgés d'à peine 10 ans, ont fait un crochet devant la mairie du Mans. Le maire a proposé de les recevoir, mais ces manifestants, ramenés cette fois de plusieurs départements avoisinants, ont refusé l'offre de l'élu. Pierre Galland, ex-sénateur de Bruxelles et président de la coordination européenne de soutien au peuple sahraoui, a indiqué que la manifestation a été organisée par les «services» marocains et a eu l'effet contraire puisqu'elle a permis, a-t-il souligné, de médiatiser davantage la cause sahraouie. Il faut savoir par ailleurs que les Marocains ont multiplié les provocations depuis jeudi dernier à l'encontre des délégations venues soutenir la cause des Sahraouis. Même le président de la RASD n'a pas échappé à la provocation. Plusieurs salles ont été louées par des Marocains depuis plusieurs jours dans l'hôtel Concordia où est hébergé le chef du Polisario, dans le but de perturber son séjour dans une ville qui semble acquise au peuple du Sahara Occidental. Toutes ces tentatives de saborder cette 36ème édition de l'Eucoco étaient en fait vaines. L'ouverture des travaux s'est déroulée normalement. Des policiers veillaient au grain dehors. Ceci étant, plus d'une centaine d'élus français ont signé hier une pétition pour l'adresser au président de la République française, Nicolas Sarkozy, pour l'interpeller sur la position officielle de la France à l'égard de la cause sahraouie. Le député-maire communiste français, Jean-Claude Lecoq, a déclaré que « la France officielle n'est pas la France des droits de l'homme, plutôt la France des affaires », en faisant allusion aux innombrables contrats de partenariat qui lient la France et le royaume chérifien. Le même élu soutiendra, en outre, que le Maroc, membre observateur du Conseil de l'Europe, fait un travail de lobbying important pour faire passer ses thèses sur le Sahara Occidental. Rolland Veil, le président de l'Association internationale des juristes démocrates, a appelé, de son côté, à l'occasion de l'ouverture des travaux de l'Eucoco, à une «pression citoyenne» pour amener les gouvernements européens à assumer leur responsabilité devant le drame des Sahraouis. «Nous avons combattu le gouvernement français pour l'indépendance du Maroc et ce dernier nous est débiteur. Alors que le Maroc laisse aujourd'hui les Sahraouis disposer de leur destin !», assène Rolland Veil avec une voix pleine d'émotion. Par ailleurs, le consul algérien par intérim de Nantes, Mokhtari Bachir, s'est rendu hier au palais des congrès de la ville du Mans pour s'enquérir des conditions de travail des journalistes algériens venus couvrir la 36ème Eucoco. En apprenant que la journaliste de la radio nationale a eu un accident, le consul a immédiatement pris en charge le problème. La journaliste de la radio nationale a été accompagnée et transportée à l'hôpital.