« Messieurs les jurés, regardez-les bien. Ces deux personnes au box, méritent-elles les circonstances atténuantes ? Peut-on faire preuve de mansuétude à l'égard d'individus qui ont, de plein sang-froid, égorgé leur voisin puis l'ont jeté sur la route pour s'emparer de sa voiture et ses effets ? Moi je dis, en mon âme et conscience, que ces accusés ne méritent point qu'on les regarde d'un œil indulgent. Et je vous demande expressément, quand vous allez vous retirer dans salle des délibérés, de répondre par «non» à la question qui vous sera posée : bénéficient-ils des circonstances atténuantes?» Concis et fougueux, tel fut le réquisitoire du procureur général adjoint, près la cour d'Oran, qui représentait le ministère public au procès ouvert hier, devant le tribunal criminel. Etincelante, sa plaidoirie était à la hauteur de la gravité des faits. De la monstruosité du crime aussi. Il l'a conclue en demandant la peine capitale à l'encontre des deux mis en cause La sentence devait tomber vers le tard. Flash-back sur un crime crapuleux, un plan diabolique dont la victime a survécu miraculeusement, mais à quel prix ! «Sa mort aurait été mieux que sa survie ! », a asséné, à juste titre, l'avocat général entre deux coups de poing secs sur la table. En effet, cloué à son lit depuis le jour d'agression, la victime, jeune père de famille, présente de multiples troubles : linguistique, sensitif, olfactif, auditif, gustatif, masticateur, etc. Le drame s'est noué le 6 février 2010. Les deux accusés, H.Ch. et T.H., trabendistes occasionnels, résidant à Chlef, demandent à la victime, qui n'est autre que leur voisin de quartier, de les emmener à Maghnia pour acheter des téléphones portables. Après un temps d'hésitation, la victime accepte devant l'insistance des deux clients et du bon prix proposé, 12.000 DA pour la course. Une semaine après, le 13 février, peu après le coucher du soleil, le taxieur clandestin démarre son Hyundai Accent en direction de Ghazaouet via l'autoroute Est-Ouest. Arrivé à hauteur du lieu-dit El-Mactâa, à l'entrée de la commune de Marsat El-Hadjadj, l'un des deux passagers, H.Ch. veut faire ses besoins. Le chauffeur s'arrête. Quelques minutes plus tard, le téléphone du deuxième passager, installé au siège arrière, sonne. «Allez vas-y! Egorge-le, égorge-le !», lui ordonne par téléphone son complice descendu au prétexte de vouloir se soulager. T.H. ceinture alors avec ses longs bras la victime au niveau du buste et du cou. Ressurgit alors H.Ch, qui, remonte en voiture et, en un tour de main, égorge froidement la victime. Ils la jettent ensuite dans un ravin, la laissant pour morte, et s'emparent de son véhicule. Miraculeusement, la victime survivra, grâce à l'artère carotide qui a échappé à la trajectoire de la lame du couteau. Rampant comme un soldat blessé, la victime parvient vers l'aube à accéder à un pâté de maisons situé dans les parages. Elle sera évacuée vers les UMC de l'hôpital d'Oran, où elle sera admise sous X. Quelques jours plus tard, grâce au portable de la victime, vendu par l'un des deux mis en cause à son gendre, toute l'affaire sera élucidée. Les deux accusés seront arrêtés. Hier, ils ont reconnu leurs actes devant les juges, comme ils l'ont fait tout au long de la procédure. A noter que la voiture volée a été retrouvée en train d'être désossée dans la localité de Sandjass. Ils encourent la peine capitale pour les accusations de «tentative d'homicide volontaire, association de malfaiteurs et vol qualifié.»