Les vieilles cités coloniales d'Alger, en l'occurrence les palmiers de Bachdjarrah et Diar El Baraka à Baraki ont retrouvé hier, leur calme, après deux jours d'émeutes. Mais, l'angoisse et voire la colère demeurent toujours parmi des habitants qui se disent prêts, à tout moment, à se révolter, si encore une fois les autorités ne respectent pas leur engagement. «Toute révolte a une cause et un antécédent. On avait tous peur de mettre en péril la vie de nos enfants, mais personne parmi nous n'a pu maîtriser la colère et la fureur de nos jeunes», nous explique amèrement, Djamei un sexagénaire de la cité Baraka qui nous a affirmés que les habitants de sa cité avaient déjà préparé leurs bagages, pensant qu'ils allaient être relogés durant les vacances d'hiver, comme, il leur avait été annoncé par les autorités locales. Ces promesses de relogement ne datent pas d'hier, affirme notre interlocuteur, «elles datent de 1985». Ce père de famille et grand père a affirmé que «des projets destinés aux habitants de notre cité ont été détournés». Il explique que «mis à part les commerçants qui ont obtenu des parcelles de terrains, aucun des habitants de notre vieille cité n'a eu le droit à un logement». Pourtant et selon le témoignage des habitants de cette cité, «le dernier parmi nous réside depuis plus de 50 ans dans cette cité». La cité, des maisons de fortune en dur, précisent ses habitants, a été construite par les Français en 1959 dans le cadre du plan de Constantine. Des habitations, destinées aux Algériens, mais avec une durée de vie limitée à 20 années. Chacune de ces petites maisons qui abritaient une petite famille, compte aujourd'hui, quatre et pour certaines d'entre elles jusqu'à huit couples avec enfants (la grande famille au vrai sens du mot). Si dans un certains temps, c'étaient des jeunes qui animaient les émeutes, aujourd'hui même les filles y participent. «Nous sommes sorties avec nos parents et nos frères pour réclamer notre droit au logement, mais malheureusement, ceux qui sont censés nous protéger, je parle des services de sécurité, nous ont insultés». Dans la cité, les parents sont angoissés, des jeunes sont déprimés et des jeunes filles qui ont peur de ne pas se marier. «Personne ne veut épouser une de nos filles. Ils n'ont pas le courage de ramener leurs parents chez nous», disent des mères de familles désespérées. «Pourtant certaines d'entres elles sont à l'université». Un grand père de 80 ans dira : «On a habité dans des constructions françaises, aujourd'hui on est indépendant grâce aux hommes de ce pays. On veut habiter des constructions faites par les Algériens pour tout simplement croire à cette indépendance». Il faut le reconnaître, ces familles vivent le calvaire, des jeunes, garçons et filles, qui partagent encore la même pièce avec leurs parents. Certains ne rentrent même pas chez eux pour dormir, ils passent la nuit dehors. Ils sont très nombreux. 2300 familles rien que pour cette cité. Les habitants de ce vieux quartier affirment qu'ils n'aiment pas la violence, mais ils sont déterminés à se manifester, s'ils ne seront pas relogés dans une semaine. «Rien ne nous arrêtera», dira un jeune. A la cité des palmiers de Bachdjarrah, les raisons de la colère sont les mêmes. Les habitants réclament des logements décents après avoir vécu depuis 1960, dans une ancienne caserne coloniale. Hier, la cité a retrouvé le clame, un calme précaire. D'ailleurs, les forces de sécurité sont toujours mobilisées. Plus d'une vingtaine de véhicules de police se trouvent près du tunnel de Oued Ouchayah, pour parer à un éventuel blocage dudit tunnel , qui se trouve au contrebas de la cité . Les policiers sur place ont affirmé que les choses se sont calmées en justifiant leur présence, par le fait qu'ils craignent une éventuelle fermeture du tunnel, qui selon eux, pèse beaucoup sur la circulation routière à Alger. En effet, la fermeture du tunnel signifie la paralysie quasi-totale de plusieurs axes routiers.