Les deux prévenus, des clandestins marocains, s'avancent à la barre d'un pas hésitant. Ils donnent l'impression d'être résignés à leur malheureux sort. Pauvrement vêtus et manifestement impressionnés par l'austérité de la salle d'audience du tribunal correctionnel de Aïn El Turck, ils se présentent mains derrière le dos et la tête baissée. Selon les faits consignés sur l'arrêt de renvoi, A.A., âgé de 19 ans, demeurant dans la province du Nador et son co-inculpé R.M., 40 ans, domicilié près de Fès, dans le royaume chérifien, se sont introduits clandestinement sur le territoire national, quelques mois auparavant. Lors de leur interpellation, opérée la semaine dernière à proximité de la cité des 350 logements, à Akid Abbes, dans la commune de Aïn El Turck, par les éléments de la police judiciaire de la sûreté territoriale, ils ont été trouvés en possession d'une petite quantité de kif, destinée vraisemblablement à leur usage personnel. Le représentant du ministère public a requis une peine d'une année de prison ferme assortie d'une amende de 5 millions de centimes pour chaque accusé. L'avocat de la défense a axé sa plaidoirie sur la déplorable situation sociale de ses mandants tout en faisant remarquer qu' «ils travaillaient clandestinement certes, mais c'est notamment pour subvenir aux besoins des leurs au Maroc». Au terme des délibérations, les prévenus ont été condamnés chacun à une peine de six mois de prison avec sursis, assortie d'une amende de 1 million de centimes. Notons qu'ils feront l'objet d'une reconduction à la frontière de leur pays d'origine ultérieurement.