Je ne sais pas ce qui m'a pris. J'étais sous l'effet de l'alcool et je regrette mon acte monsieur le juge », déclare tout de go B. Hakim, âgé de 30 ans, qui comparaissait le 3 mars dernier devant le tribunal criminel. Sa voix fluette contrastait avec sa morphologie de boxeur. Courtaud et vêtu d'un blouson en cuir, il se tenait à la barre la tête un peu penchée de côté comme pour mieux entendre. Son collègue également accusé, B. Rafik, 26 ans, gardien de parking, un escogriffe qui semblait mal à l'aise dans le prétoire ne cessait de répéter : « Je suis innocent, je ne sais pas ce qui s'est passé. Hakim est parti avec le jeune. Je ne pouvais pas bouger, car je devais surveiller les véhicules. » Le président fait remarquer : « Mais vous avez tenté de voler la victime ? » « Non, je l'ai fouillée parce que je l'ai suspectés de vol à la tire », répond B. Rafik. Selon les faits consignés dans l'arrêt de renvoi, le 14 octobre 2006, en fin d'après midi, les deux inculpés ont apostrophé le jeune B. M. Nourredine, âgé d'à peine 17 ans, dans une venelle du quartier de Delmonte, à quelques pas du siège de la Caisse nationale d'assurance, CNAS, d'Oran. Il était l'hôte de son cousin pour un bref séjour. Sous la menace d'un couteau, B. Hakim l'a traîné jusqu'à une cave située non loin de la CNAS, où il a attenté à sa pudeur. Un sourire narquois se dessine sur les lèvres du principal accusé lorsque son regard fuyant rencontre celui de l'adolescent, qui s'est présenté à la barre pour une confrontation. Dépassant d'une bonne tête son bourreau, B. M. Nouredine est habillé de vêtements portés généralement par tous les jeunes que l'on croise dans la rue. Rouquin, visage parsemé de taches de rousseur, il donne l'impression d'être effarouché par l'austérité des lieux. D'une voix à peine audible, il relate les faits. « Dans un premier temps, son complice m'a fouillé les poches sans rien trouver. Après, l'autre, le petit, m'a obligé à le suivre dans une cave, où il m'a fait subir des sévices sexuels. » Pensif, le magistrat jauge les deux accusés avant de se tourner vers la victime : « Sentait-il l'alcool ? » « Non. Mais il semblait être sous l'effet de la drogue », explique l'adolescent. B. Hakim lui lance un regard chargé d'animosité et tente d'intervenir en levant la main. Le président l'ignore et invite les deux inculpés à regagner leur place dans le box des accusés. L'avocat général a mis en évidence les rétractations des accusés en soulignant ce qu'il a qualifié « d'acte ignoble », avant de conclure son réquisitoire en requérant une peine de 8 ans de réclusion contre B. Hakim et 5 ans d'emprisonnement contre B. Rafik. La défense a axé sa plaidoirie sur le bénéfice des circonstances atténuantes. Au terme des délibérations, le tribunal a condamné l'accusé principal à une peine de 6 années de réclusion assortie d'une amende de 6 millions de centimes. Son collègue a écopé de 3 ans d'emprisonnement pour tentative de vol.