Après d'autres communes à travers la wilaya de Blida et aussi à travers le territoire national, Meftah vient de vivre une journée pas comme les autres ce jeudi, après l'affichage d'une liste de logements sociaux comportant les noms de 156 bénéficiaires, essentiellement parmi les habitants des habitations précaires ou menaçant ruine. En effet, la nouvelle se propagea rapidement à travers la ville et, bientôt, une foule de citoyens se pressait devant la mairie pour tenter de voir les noms qui y étaient portés. Quelques-uns s'en retournaient le visage éclairés d'un large sourire et pressaient le pas pour aller dire la bonne nouvelle aux leurs, sous le regard envieux de dizaines d'autres qui n'avaient pas eu la chance de voir leurs noms. Très vite, le siège de la daïra, à quelques mètres de là, fut envahi par plus d'une centaine de personnes, des hommes entre deux âges, des jeunes mais aussi beaucoup de femmes. Des cris, des pleurs, des insultes, des sons divers fusaient de partout et les policiers avaient fort à faire pour contenir les contestataires qui voulaient pénétrer tous en même temps à l'intérieur de l'édifice. Le chef de daïra recevait les citoyens par groupe car il était impossible de les recevoir un à un, cela prendrait trop de temps et l'impatience commençait à se faire sentir chez ceux qui attendaient à l'extérieur. Nous avons été obligés d'emprunter une porte secondaire pour rencontrer le chef de la daïra de Meftah, entre deux entrevues avec les citoyens. Il nous affirma que la liste a été faite en toute transparence, en faisant participer tous les membres de la commission puis en contrôlant une deuxième fois la liste au niveau de la daïra. Le chef de daïra rappela aussi aux citoyens qu'il recevait qu'ils avaient huit jours pour introduire des recours qui seront étudiés par la commission de wilaya et que chaque cas allait être décortiqué. En outre, il rappela que c'est la première attribution de logements sociaux effectuée au niveau de la daïra de Meftah depuis 2004 et que le retard est assez important. Enfin, il tient à tranquilliser les contestataires, surtout ceux qui vivent dans des conditions précaires, qu'ils seront certainement portés sur les prochaines listes de bénéficiaires, car, outre, ces 156 logements, il y aura bientôt 95 autres situés sur la route des Eucalyptus, 204 à Bergoug et un reliquat de 9 autres à Haï El Mourabitine. Pour les citoyens que nous avons pu rencontrer face au siège de la daïra, ils se demandent pourquoi la liste ne comporte que la moitié des habitants de l'ancienne cimenterie. D'un autre côté, ils affirment qu'il y a des noms de personnes qui n'habitent pas un logement précaire alors que certains de ceux qui ont été portés sur la liste disent préférer rester là où ils sont car ils sont plus à l'aise : « On nous a donné un F3 alors que nous habitions moi avec 5 enfants et mon frère avec un enfant chez mon père, comment allons-nous faire pour habiter tous ensemble dans ce petit appartement ? », nous a confié l'un d'eux qui attendait de pouvoir pénétrer à l'intérieur de la daïra pour déposer un recours. Les autres citoyens essaient eux aussi de faire entendre leurs voix pour bénéficier d'un logement décent et emploient tous les moyens pour y parvenir. Enfin, et pour les prochains programmes de logements, le chef de daïra tient à préciser qu'il vient d'entamer les démarches nécessaires pour obtenir, avant le Ramadhan, un autre quota de logements sociaux pour en faire bénéficier les habitants de Meftah. Il ne faut pas croire que c'est seulement Meftah qui vit ces journées chaudes, car Chébli l'a devancé d'une journée, Boufarik est en effervescence depuis lundi passé, en plus des autres daïras, comme Mouzaïia et El Affroun, en attendant d'autres à travers la wilaya. En fin d'après-midi, le calme était revenu à Meftah mais la tension était toujours assez vive. Finalement, c'est un peu partout la même contestation qui est faite, soit contre les noms des personnes qui n'auraient pas dû être portées sur les listes des bénéficiaires de logements sociaux pour diverses raisons, soit parce que des citoyens vivant dans des conditions extrêmes n'ont pas vu leurs noms y figurer. Quoi qu'il en soit, ce sont finalement la transparence et le dialogue sincère qui pourront faire entendre raison aux citoyens qui ont surtout besoin d'être rassurés par les responsables concernés.