Le président du Mouvement de la société pour la paix (MSP), Aboudjerra Soltani, a réitéré, hier, l'appel de son parti à la suppression du Conseil de la Nation. « Il faut supprimer le Sénat. C'est une institution constitutionnelle qui a été créée dans des conditions particulières pour notre pays qui a vécu la tragédie nationale», a argumenté ce responsable. «Le Sénat n'a plus raison d'être car il avait une mission que les institutions de l'époque ne pouvaient pas assurer. Aujourd'hui, il n'y a aucune crainte pour le pays qui doit revenir à une vie politique et parlementaire normale, à la souveraineté du peuple. L'état d'urgence a été levé et la tragédie nationale est derrière nous», a-t-il encore expliqué sur les ondes de la radio chaîne3. Ce responsable emboîte ainsi le pas à Abdelaziz Ziari, président de l'APN, qui avait formulé la même idée, il y a quelques jours dans la presse. Contrairement au FLN et au RND, le MSP, par la voix de son président, réclame la consécration d'un régime parlementaire. Son argument : «Un tel système permet de consacrer un véritable Etat de droit et de garantir les libertés individuelles et collectives. «Il est impératif de consacrer une séparation des pouvoirs et se suffire d'une seule chambre de Parlement. Le gouvernement doit émaner de la majorité parlementaire pour être contrôlé par la peuple», a-t-il martelé. Le MSP souhaite que «le projet de révision de la Constitution doit être soumis à un référendum au lieu et place d'une simple adoption par le Parlement. Le président du MSP s'est également dit favorable à la limitation des mandats présidentiels à deux fois cinq ans. Soltani s'est toutefois senti obligé d'expliquer le soutien de son parti à la non-limitation des mandats présidentiels décidée par Abdelaziz Bouteflika avec la révision partielle de la Constitution en 2008, par «le besoin de parachever le processus de réconciliation et de tourner définitivement la page noire de la tragédie nationale». «Nous avions soutenu le Président dans sa volonté de briguer un troisième mandat. Aujourd'hui, le pays est sorti de la crise. Nous voulons renouer avec la vie normale et limiter les mandats présidentiels pour consacrer l'alternance au pouvoir», a-t-il dit. «Si un président ne réussit pas en dix ans, il ne pourra pas réussir en vingt ans. De nos jours, il y a des révolutions autour de nous qui portent un seul leitmotiv: «Nous en avons marre des dirigeants qui sont au pouvoir durant trente ans. Le peuple a le droit de choisir ses représentants», a-t-il affirmé. M.Soltani a défendu l'idée que cinquante ans après le recouvrement de la souveraineté nationale, la génération née après l'indépendance a le droit d'arriver au pouvoir. «Il faut permettre un passage de témoin. Le flambeau de l'Etat algérien, de l'histoire algérienne, de l'héritage de la révolution constitue le droit de la génération née après l'indépendance. Nos jeunes sont capables de bien prendre en charge cet héritage, gérer et mener l'Algérie vers la modernité», a-t-il soutenu. Le président du MSP qui a rappelé qu'il a été élu depuis sept ans à la tête du MSP, et a affiché son «intention de se retirer après dix ans pour céder la place aux autres». «Le MSP est un parti jeune. Le plus âgé d'entre nous n'a pas atteint la soixantaine», a-t-il fait remarquer. Invité à formuler les propositions de son parti sur le projet de révision de la loi électorale, M. Soltani a jugé «impératif de maintenir le mode de scrutin à la proportionnelle et de renforcer les mécanismes de contrôle des scrutins». «Nous devons appliquer les normes internationales en matière électorale. Les scrutins doivent être plus transparents, libres et légitimes. L'administration doit être impartiale et la justice doit jouer son rôle et consacrer dans les faits un Etat de droit. La fraude a joué un grand rôle dans la perte de confiance du citoyen envers l'administration. Il faut mettre un terme à l'octroi de postes politiques moyennant de l'argent et encourager la représentativité de la femme», a-t-il plaidé. Soltani a estimé que la délivrance des agréments pour les nouveaux partis doit être une prérogative du ministère de la Justice et non pas du ministère de l'Intérieur.