La page sombre des relations algéro-égyptiennes, enfant des endemains du match retour au Caire entre les Pharaons et le Onze national, semble définitivement tournée avec l'arrivée dimanche prochain du tout premier ambassadeur de l'Egypte post-Moubarak et la présentation de ses lettres de créances. La nomination de Azzedine Fahmi, 53 ans, comme ambassadeur en lieu et place de Abdelaziz Seif Nasr, rappelé par son gouvernement après les graves dérapages médiatiques enregistrés en parallèle d'un événement sportif, est un pas de plus vers le dégel des relations bilatérales après plus d'une année de rupture diplomatique décidée par Le Caire. Rappelant l'importance stratégique de l'Algérie dans le giron régional, Azzedine Fahmi, a souligné à la presse égyptienne, les orientations de son ministre des Affaires étrangères, Nabil Al Arabi, également secrétaire général de la Ligue arabe, qui l'a instruit sur la nécessité de renforcer les relations bilatérales entre les deux pays. Le diplomate égyptien a également évoqué ses fonctions et la prise en charge des doléances de ses compatriotes installés en Algérie. Rappelons que l'amorce d'une reprise progressive des relations entre les deux capitales a été consacrée par les retrouvailles entre Raouraoua, le président de la Fédération algérienne de football, et son homologue égyptien. Après le caillassage du bus des joueurs algériens, la chasse à l'Algérien dans les rues du Caire après le sifflet final et le match couperet d'Oum Dourman et les représailles en Algérie, les médias égyptiens ont déclenché leur «sale» guerre tirant sur tous les symboles nationaux. Le match qualificatif pour l'Afrique du Sud avait dépassé le simple cadre sportif pour conduire à une presque rupture diplomatique si ce n'était le sang-froid des Algériens qui ont décidé de garder en place au Caire, leur ambassadeur Abdelkader Hadjar. Les officiels égyptiens avaient crié à une provocation des Algériens, concernant l'attaque de leur bus, version démentie aux lendemains de la révolution du 25 janvier par certains «cadres» sportifs qui ont accusé le président de leur fédération de football et le ministre de tutelle d'être les instigateurs de ce guet-apens. Le pouvoir égyptien, alors en place, avait fait du résultat de ce match un tremplin politique pour l'aîné des Moubarak. Le clan présidentiel avait enclenché une campagne de dénigrement sans précédent contre les Algériens un mois avant le match retour. Tous les organes lourds officiels et leurs relais propagandistes, à chercher dans les networks égyptiens mais également arabes, ont grandement contribué à allumer et maintenir une flamme belliqueuse avant qu'elle ne se transforme en véritable brasier diplomatique après l'élimination de la vieillissante formation égyptienne. Si le ton haineux et méprisant est monté graduellement en s'accentuant à l'approche de la rencontre du 14 novembre, il a basculé dans l'extrémisme lourdaud et naïf des va-t-en-guerre convoqué sur les plateaux télé des chaînes égyptiennes. Ainsi, on assistera au coup de sifflet final de l'arbitre seychellois à un véritable tir de barrage des différents commentateurs pseudo sportifs égyptiens contre les supporters algériens présents au Soudan. L'impression d'une véritable boucherie est savamment mise en scène par les différents canaux à travers des appels téléphoniques des artistes égyptiens dépêchés par Moubarek pour soutenir leur équipe. Les supporters algériens ont même été traités de mercenaires par le dauphin au pouvoir, en l'occurrence Djamel Moubarek, qui avait fait le déplacement au stade d'Oum Dourman, assuré de la victoire des Pharaons, sur Dream TV lors de l'émission de Khaled el Ghandour, connu pour sa haine de l'Algérie.