L'Italie s'est passée sans grande difficulté du gaz libyen dont l'approvisionnement a été stoppé en février avec le début de la guerre civile et l'intervention. L'Italie a également essayé de se passer du gaz algérien, dans le cadre d'une politique d'expérimentation initiée par l'Union européenne. Le résultat est moins probant. Sans le gaz algérien, l'Italie ferait face à des difficultés en hiver. Le gaz libyen ne coule plus vers l'Italie depuis l'entrée de ce pays en guerre civile. La part de la Libye, dans les importations de gaz de l'Italie, ne représentant que 13% du volume ce manque a été atténué, en recourant aux stocks. L'Algérie reste le premier fournisseur de l'Italie avec, selon les chiffres disponibles, entre 32 et 35% contre près de 29% pour la Russie. En février dernier, le ministre italien du Développement économique avait, indiqué, à la suite de l'interruption de l'approvisionnement de Libye que ses services avaient «simulé plusieurs scénarios négatifs et dans aucun d'eux, il n'y a de danger pour la distribution de gaz en Italie». Le pays peut donc «dormir tranquille», avait-il assuré. Il avait expliqué que les importations de Libye avaient «déjà été remplacées par une augmentation des importations d'autres pays et un recours plus important au stockage». Selon les chiffres livrés à l'époque par M. Romani, l'Italie dispose de 3,8 milliards de m3 de gaz stockés dans ses dépôts auxquels s'ajoutent 5,1 milliards de m3 de réserves stratégiques qui «ne seront pas touchées», selon M. Romani, car le pays n'est pas dans une situation de «véritable urgence». Expérimentation Lundi, un responsable du ministère italien de l'Industrie chargé des infrastructures énergétiques, Gilberto Dialuce, cité par Reuters, a fait état de simulations qui montrent une forte dépendance de l'Italie vis-à-vis de l'Algérie. L'hypothèse d'une rupture des approvisionnements de l'Algérie aurait un impact important. «Nous nous sommes passés, en Italie, du gaz libyen et fort heureusement rien n'est arrivé», a-t-il déclaré. Il a révélé que l'Italie a «également essayé de stopper l'importation du gaz algérien». Cela s'est fait dans le cadre d'une expérimentation demandée par l'Union européenne à ses membres. L'objectif étant de se prémunir d'une nouvelle crise d'approvisionnement en gaz similaire à celle qui a suivi le conflit entre la Russie et l'Ukraine. Cette expérimentation consiste donc à demander aux Etats membres de s'assurer d'un niveau de diversification tel que la défection de leur plus important fournisseur de gaz pourra être aisément atténuée ou compensée. Dans l'hypothèse pour une raison quelconque d'un tarissement de l'approvisionnement à partir de l'Algérie, l'Italie est-elle en mesure de compenser. Réponse de Gilberto Dialuce : «Dans une telle situation nous serons en mesure de constituer nos stocks en été, mais nous ferons face à une crise en janvier et février, lorsque la demande atteindra son pic». L'agence Reuters évoque à ce propos des «analystes» qui estimaient, au début de l'année, qu'une éventuelle «contamination» de l'Algérie par le vent de contestations politiques traversant le monde arabe, avec des incidences en matière d'exportations d'hydrocarbures, aurait un «impact beaucoup plus important sur l'approvisionnement de l'Italie et de l'Europe que les perturbations des approvisionnements occasionnées par les troubles en Libye». Ce qui en matière de projections, n'a rien de particulièrement sorcier : la part 13% de gaz importés de Libye par l'Italie pèse naturellement moins que les 35% venant d'Algérie.