L'affaire liée au drame de la «Mare d'eau» où deux personnes ont été tuées par balles lors d'une partie de chasse au sanglier, est toujours en instruction devant le tribunal correctionnel d'Oued Tlélat. Selon une source proche du dossier, la reconstitution des faits, acte d'investigation quasi incontournable en de tels cas, aura lieu début septembre. La démarche sera diligentée par le nouveau juge d'instruction qui a pris en main cette affaire après la mutation de son prédécesseur lors du dernier mouvement des magistrats. Evidemment, la scène sera reconstituée sur les lieux du drame dans la même heure afin d'essayer de replanter le même «décor», les mêmes circonstances, et ce, en présence bien sûr des trois mis en cause qui sont maintenus en détention provisoire depuis le déclenchement de l'enquête, précise-t-on de même source. Les faits remontent à la nuit du 16 juin 2011, vers 22 heures, à la lisière de la forêt de la «Mare d'eau», réserve naturelle relevant administrativement de la wilaya de Mascara, située à califourchon entre Sig et Boufatis. Les trois individus, qui ne sont autres que les compagnons des chasseurs décédés, ont été inculpés d'homicide et d'exercice de la chasse sans autorisation et, le cas échéant, détention d'arme à feu sans permis, et ce, sur ordre du magistrat instructeur qui les a placés sous mandat de dépôt, a-t-on appris de source judiciaire. Par ailleurs, les familles des deux victimes se sont constituées partie civile. Plus de deux mois après cette sinistre campagne de chasse, organisée hors du cadre réglementaire qui prévoit un arrêté du wali pour ce genre de battues administratives, la population locale est toujours en émoi. La difficile et non moins délicate tâche de faire la lumière sur cette sanglante scène nocturne incombe au juge d'instruction. Il s'agit, en premier lieu, de déterminer avec la plus grande exactitude possible dans quelles circonstances les deux victimes, 74 et 30 ans, ont été mortellement touchées par balles. Et de dire, en second lieu, si l'homicide était accidentel ou volontaire. Deux éléments d'investigation ont certes leur poids : le rapport d'autopsie du service médico-légal et celui de la balistique de la gendarmerie scientifique. Une fois tous les éléments d'information rassemblés, l'on procèdera en phase finale de l'enquête à une reconstitution des faits afin de recomposer le puzzle, et ce, en présence des trois mis en cause inculpés d'homicide et d'exercice de la chasse sans autorisation. Que s'est-il passé cette nuit-là ? Cinq agriculteurs se donnent le mot de sortir la nuit pour abattre les sangliers, dont les dégâts sur leur céréaliculture jouxtant la réserve d'animaux protégés avaient atteint des proportions alarmantes. Armés de leurs fusils, ils se lancent dans leur chasse au porc sauvage. Un groupe se met à battre les champs et les taillis pour en faire sortir le gibier. De l'autre front, un autre groupe se met aux aguets à hauteur de la ligne de grillage bornant la réserve protégée. Première étape réussie, un sanglier traqué se fait coincer dans une des brèches pratiquées par ces animaux sauvages pour s'ouvrir un accès sur les prés avoisinants. Commence alors une rafale de tirs très approximatifs, voire à l'aveuglette, en direction de la bête qui grognait à mort. Soudain, des cris d'homme. Après le cessez-le-feu, l'épouvantable surprise: on aperçoit deux des cinq chasseurs allongés par terre, corps inertes. L'un deux, le plus âgé, un septuagénaire, touché par une balle qui lui a transpercé le crâne, a rendu l'âme sur le coup. L'autre, la trentaine, ayant reçu 3 projectiles dans différents endroits du corps, succombera à ses blessures aux UMC le lendemain.