Nouvelle escalade entre les Etats-Unis et l'Iran mercredi après l'inculpation aux Etats-Unis de deux Iraniens accusés de tentative d'assassinat de l'ambassadeur d'Arabie Saoudite à Washington. Entre Téhéran et Washington, la tension est vite montée, comme il est de tradition depuis la chute du Chah en 1979 et l'arrivée au pouvoir d'un Etat théocratique en Iran, au point que les Américains en appellent à des sanctions internationales. Mardi, le ministre américain de la Justice, Eric Holder, avait annoncé l'inculpation de deux ressortissants iraniens, accusés d'avoir tenté d'assassiner l'ambassadeur Abdel Al-Jubeir, un conseiller du roi qui avait joué un grand rôle pour défendre le royaume wahhabite après les attentats du 11-Septembre. Le projet d'attentat contre l'ambassadeur saoudien aux Etats-Unis, que Washington a annoncé mardi avoir déjoué, est «une violation odieuse» des conventions internationales, indique dans un communiqué l'ambassade saoudienne aux Etats-Unis. «Ce projet d'attentat est une violation odieuse des critères, des normes et des conventions internationales et est en conflit avec les principes d'humanité», a déclaré l'ambassade royale d'Arabie Saoudite, qui exprime sa «gratitude» aux Etats-Unis pour avoir déjoué l'attentat. A Téhéran pourtant, on ne croit pas aux accusations américaines, qualifiées de «conspiration diabolique» dans une lettre adressée mardi aux Nations unies. «Dans les termes les plus forts et catégoriquement, l'Iran condamne cette accusation honteuse des autorités américaines et la considère comme une conspiration diabolique bien orchestrée en droite ligne de leur politique anti-iranienne», a estimé l'ambassadeur iranien à l'ONU, Mohammad Khazaee, dans cette lettre envoyée au secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, et au Conseil de sécurité. De son côté, le ministre iranien des Affaires étrangères, Ali Akbar Salehi, a mis, hier mercredi, les Etats-Unis en garde contre toute tentative de «confrontation» avec l'Iran dans cette nouvelle affaire (du complot iranien présumé) contre l'ambassadeur d'Arabie Saoudite à Washington. «Nous ne cherchons pas la confrontation mais s'ils nous l'imposent, les conséquences en seront plus dures pour eux» que pour l'Iran. Le chef de la diplomatie iranienne a, par ailleurs, affirmé que Téhéran avait «de bonnes relations avec l'Arabie Saoudite», et que les seuls désaccords entre les deux pays concernaient «les questions internationales». Pour Washington, il ne fait aucun doute qu'il s'agit là d'une opération (iranienne) qui entre dans le cadre d'un complot «conçu, organisé et dirigé» par l'Iran. Manssor Arbabsiar et Gholam Shakuri sont accusés d'avoir préparé un attentat à la bombe lors de ce complot «dirigé par des éléments au sein du gouvernement iranien», a déclaré le ministre de la Justice américain lors d'une conférence de presse. Manssor Arbabsiar, qui dispose de la double nationalité américaine et iranienne, a été arrêté le 29 septembre à l'aéroport Kennedy de New York et devait être présenté à un juge de Manhattan dans la journée de mardi, a précisé le ministère de la Justice dans un communiqué. Il risque la prison à vie. Gholam Shakuri n'a en revanche pas été arrêté. Les deux hommes sont poursuivis notamment pour «conspiration en vue de tuer un responsable étranger», «utilisation d'une arme de destruction massive (des explosifs)» et «conspiration en vue de commettre un acte de terrorisme international», selon le ministère. Le président Barack Obama a été mis au courant dès juin de l'existence de ce complot, a annoncé un responsable de la Maison-Blanche. Cette affaire risque en fait d'envenimer davantage les relations irano-américaines, déjà passablement détériorées avec le dossier du nucléaire iranien, alors que Téhéran est également soupçonné d'en vouloir à Ryadh, impliqué dans la répression des manifestants au printemps dernier, demandant un changement de pouvoir au Bahraïn, pays à majorité chiite. Pour beaucoup d'analystes, cette affaire risque de faire monter la tension entre l'Iran et l'Arabie Saoudite, et entre Téhéran et Washington.