Les investissements publics tirés des recettes des hydrocarbures continuent de maintenir l'Algérie à l'abri des mauvaises surprises, du moins tant que le prix du baril de l'or noir ne dégringole pas. «Dans un contexte international incertain, l'Algérie continue d'enregistrer une bonne performance économique tirée en grande partie par les investissements publics» note le FMI, à l'issue de ses consultations annuelles avec les responsables algériens, les représentants du secteur économique et financier mais aussi des représentants de la société civile. Les politiques macroéconomiques prudentes suivies par le passé ont permis à l'Algérie de constituer une position financière confortable avec des niveaux d'endettement très faible, a fait savoir, hier, Joël Toujas-Bernaté, chef de division du département Moyen-Orient et Asie centrale, à l'occasion d'une conférence de presse organisée à l'Ecole supérieure des banques à Alger. Le représentant du FMI, qui rappelle «des performances macroéconomiques robustes pour l'année 2011» souligne cependant que le taux de chômage global qui a baissé à moins de 10%, reste élevé pour certaines catégories de la population, notamment les jeunes dont 20%, a-t-il ajouté, reste sans emploi. Les conclusions du FMI dont le rapport sera publié en janvier 2012, table sur une croissance hors hydrocarbures d'environ 5%, grâce, est-il expliqué à «une bonne performance des secteurs tirés par le programme d'investissements publics (PIP) et une bonne campagne agricole». Cependant, est-il encore ajouté, une nouvelle baisse de la production des hydrocarbures devrait amener le taux de croissance du PIB global à environ 2,5%. L'inflation quant à elle devrait se situer aux alentours de 4% en 2011 et ce malgré des fluctuations des prix des aliments frais, a déclaré le responsable du FMI. Ce dernier soutient en outre que l'inflation hors aliments frais demeure relativement modérée avec 4,3% grâce à une «politique monétaire prudente, un soutien aux prix de certains produits alimentaires de base et le contenu élevé en importation des dépenses publiques et de la consommation privée». «Il n'y a pas de pression inflationniste suite aux augmentations des salaires du secteur public» note encore Joël Toujas-Bernaté à la tête d'une délégation du FMI qui a séjourné du 13 au 25 octobre en cours. Ce responsable soutient par ailleurs que la position extérieure de notre pays s'est davantage améliorée par rapport à l'année passée, avec des réserves internationales très importantes et le solde courant qui s'est fortement amélioré en raison, explique-t-il, de la hausse des prix des hydrocarbures qui compense la hausse des importations. Toutefois, poursuit le conférencier, la position budgétaire restera déficitaire en raison de l'augmentation des dépenses totales de 34% et malgré les recettes des hydrocarbures. «Le déficit budgétaire se creusera en 2011 pour atteindre 5% du PIB contre un déficit de 2% du PIB en 2010» note le FMI. Le Fonds monétaire international, soutient en outre que malgré les progrès réalisés ces dernières années en matière de stabilité macro-financière, le principal défi pour l'Algérie demeure d'atteindre une plus grande diversification économique avec un secteur privé dynamique et générateur d'emplois. Le responsable du FMI a salué les mesures prises lors de la dernière tripartite en faveur du secteur privé en soulignant que ce dernier doit impérativement se développer pour faire face au défi du chômage et de l'emploi. «Les perspectives à moyen terme restent favorables, à condition que des réformes ambitieuses soient poursuivies» est-il indiqué dans le communiqué du FMI qui ajoute que ces perspectives sont cependant soumises à certains risques. Le communiqué énumère notamment la détérioration de l'environnement économique mondial qui pourrait entraîner une baisse prolongée du prix de l'or noir qui dégraderait ainsi les équilibres budgétaires de l'Algérie. Le FMI, dans le but de renforcer les perspectives de croissance et de l'emploi, conseille à l'Algérie de poursuivre un programme de réformes structurelles ambitieux qui puisse permettre l'amélioration du climat des affaires et de la compétitivité des entreprises. «Il faudra continuer à veiller sur l'efficacité du programme d'investissements publics nécessaires pour poursuivre l'amélioration des infrastructures» est-il encore souligné par la mission du FMI qui ajoute que l'institution financière internationale continuera à soutenir les efforts du gouvernement et de la Banque d'Algérie pour renforcer la solidité et l'efficacité du secteur bancaire. Enfin, interrogé sur la suppression du crédit à la consommation en Algérie depuis l'année 2009, le représentant du FMI dira qu'il y a actuellement un travail qui se fait au niveau de la Banque d'Algérie pour disposer d'une centrale des risques pour les ménages. «Après cela nous ne voyons pas de raisons d'interdire ces crédits à la consommation» conclut Joël Toujas-Bernaté.