Les boulangers de la wilaya de Constantine, réunis jeudi en assemblée générale en leur siège dans la ville des ponts, ont revendiqué un prix de 15 dinars pour la baguette de pain, «seule mesure à même de mettre fin à l'hécatombe des fermetures de leurs commerces et de sauver leur métier qui se meurt», affirment-ils. Les boulangers, de pratiquement toutes les communes, ont participé à la rencontre au bureau de wilaya de la Fédération nationale des boulangers et pâtissiers et surtout ceux de Aïn S'mara qui sont venus avec une pétition signée par eux et adressée au maire de la commune en question. Ils y exposent «le problème qui les oppose aux épiciers revendeurs de pain, qui leur font une concurrence déloyale en achetant hors de la ville la baguette à 6,50 dinars voire moins, à telle enseigne que leur activité s'en trouve menacée de disparition», lit-on dans le document. Aussi, demandent-ils au maire d'interdire l'entrée dans la commune de ces baguettes, s'engageant pour leur part d'approvisionner tous ces commerces en pain. «Menaçant, dans le cas contraire, de déclencher une grève de 03 jours à partir du 15 du mois de janvier et même de restituer leurs registres de commerce», ajoutent-ils ecore. Le chef de bureau de wilaya, M. Bouguerne, a bien essayé de faire baisser la tension dans la salle en annonçant certaines décisions en faveur de la corporation et applicable à partir de ce 1er janvier 2012, à savoir une exemption de 100% de la TVA et de la taxe d'environnement, ainsi qu'une réduction de 12 à 5% de l'IRG, mais rien n'y fit. Selon des membres de l'assemblée générale, «les boulangers sont les plus pauvres des commerçants, et pire encore, si le gouvernement continue à prendre de simples décisions de replâtrage, le risque est grand d'aboutir à une grave crise de disponibilité de ce produit». En effet, disent-ils, le métier se meurt pratiquement, et de faire état que sur 514 boulangers qui activaient au niveau de la wilaya, il n'en reste aujourd'hui que 135. Car, ajoutent-ils, la politique actuelle qui consiste à soutenir seulement quelques produits, notamment la farine, ne suffit pas. Et d'indiquer, dans ce cadre, que pas moins de 16 produits entrent dans la fabrication du pain et qui ont tous connu des augmentations importantes. D'ailleurs, dans ce sillage, ils demandent aux pouvoirs publics de procéder à une réévaluation du prix de revient de la baguette, à l'instar de celle qui a été faite en 1975 et qui l'avait fixé à 7,50 dinars. «Certains produits ont été multipliés par dix et bien plus encore comme le sel, dont le prix était de 02 dinars le kilo et qui est actuellement à 20 dinars», lancera un des participants. «Toutes ces décisions sont de simples rafistolages, il faut prendre le taureau par les cornes et accepter la vente de la baguette à 15 dinars, pensons-nous, ou alors soutenir l'ensemble des produits servant à la confection du pain, seules alternatives susceptibles de sauver et pérenniser le métier», s'accordent à dire l'ensemble des présents.