La crise syrienne aura connu hier mardi, pratiquement un tournant politique avec une visite très médiatisée du chef de la diplomatie russe, Serguei Lavrov, alors qu'au même moment, les annonces de rappels d'ambassadeurs pleuvaient sur les agences de presse. Plus qu'un soutien au régime syrien, la visite de Lavrov à Damas obéit, en fait à un souci politique de Moscou de faire cesser les violences, d'où qu'elles viennent, selon Lavrov, pour ouvrir la voie à un nouveau processus politique dans le pays. Lavrov a d'ailleurs déclaré hier avoir eu une rencontre «très utile» à Damas avec le président syrien, Bachar al-Assad, qui lui a promis de «faire cesser les violences d'où qu'elles viennent». «Nous avons eu une rencontre très utile. Le président syrien nous a notamment assuré qu'il s'était entièrement engagé à faire cesser les violences d'où qu'elles viennent», a déclaré M. Lavrov, cité par l'agence Novosti à l'issue des entretiens. Il a ajouté qu'il est clair que ' les efforts pour faire cesser les violences doivent être accompagnés d'un dialogue entre toutes les forces politiques». «Aujourd'hui, le président syrien a confirmé sa bonne volonté de contribuer à ce processus», a-t-il ajouté, indiquant par ailleurs, qu' al Assad veut que la mission de la Ligue arabe continue de travailler dans le pays et qu'elle soit élargie. Devenu pratiquement porte-parole du président syrien, le ministre russe a ajouté, cité par la presse russe, que Bachar al-Assad va annoncer prochainement, après une rencontre avec la commission chargée de réviser la constitution, la date du prochain référendum. Bachar al-Assad avait annoncé, le 10 janvier, pour le début du mois de mars, l'organisation d'un référendum sur une nouvelle constitution syrienne. La commission chargée d'élaborer le texte a prévu de limiter le mandat présidentiel à deux septennats. Par ailleurs, la Russie s'est dite prête à continuer à chercher une solution au conflit syrien, en se basant sur l'initiative de la Ligue arabe qui prévoit notamment, le transfert des pouvoirs du président Assad à son vice-président. «Nous avons confirmé notre bonne volonté de contribuer à une sortie de crise, sur la base de l'initiative proposée par la Ligue arabe», a déclaré M. Lavrov. Par ailleurs, la Chine a appuyé la démarche russe et s'est dite confiante. Selon l'agence Xinhua (Chine nouvelle) la visite à Damas de Sergueï Lavrov se révélerait «payante». Pékin, ajoute Xinhua, continue à prôner une «solution politique pour mettre fin aux violences en Syrie». «Nous espérons que les efforts de médiation de la Russie vont se révéler payants», a déclaré Liu Weimin, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, qui a précisé que 'la Chine envisage de dépêcher un émissaire dans des pays de la région et souhaite jouer un rôle constructif pour une solution politique à la crise syrienne». M. Liu Weinmin a précisé que 'la Chine a toujours estimé que toutes les parties en Syrie devaient mettre fin aux violences et résoudre la question, à travers le dialogue et la coordination, afin d'atténuer les tensions dans la région». Toujours sur le front diplomatique, et pour accentuer la pression sur le régime en place, plusieurs pays ont annoncé hier le rappel de leur ambassadeur de Syrie, notamment la France, l'Espagne et l'Italie, après la Grande-Bretagne, les Etats-Unis qui ont fermé leur ambassade à Damas et évacué leurs derniers fonctionnaires présents en Syrie. Quant aux pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG), ils ont décidé d'expulser les ambassadeurs syriens de leurs pays respectifs. En outre, l'UE discute d'un nouveau renforcement de ses sanctions contre le régime syrien et envisage notamment, de s'en prendre aux transactions de la Banque centrale et aux ventes d'or et de métaux précieux. Dans un précédent train de sanctions, l'UE a déjà interdit aux opérateurs européens d'approvisionner la Banque centrale syrienne en pièces et billets. Sur le terrain, la situation reste confuse à Homs où plus de 100 personnes, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) ont été tuées, au cours d'affrontements entre forces du régime et manifestants. Lundi, l'armée syrienne avait lancé un nouvel assaut sur Homs. Dans le même temps, des centaines de blindés ont lancé un assaut contre Zabadani, près de Damas, où 3 personnes ont été tuées, selon l'OSDH, qui décompte un total de 15 morts dans la région de Damas. Le Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition, a exhorté la communauté internationale à «agir vite» pour «empêcher un nouveau massacre» à Homs, où un pilonnage avait fait plus de 230 morts, samedi, selon les militants, un bilan pas confirmé officiellement. Enfin, hier, au moins 15 civils sont morts dans des bombardements par les forces de sécurité dans la ville de Homs.