La tension est montée d'un cran hier à Medioni et El-Hamri suite à l'arrivée à échéance la veille du délai de 15 jours promis par les services de la daïra d'Oran pour la remise des attestations de pré-affectations au profit des « oubliés » du relogement. Elles étaient près d'une quarantaine de personnes, principalement des femmes, des mères de familles, à s'être rassemblées sur la grande artère d'El-Hamri, la rue Cheikh Abdelkader (ex-Yougoslavie), après avoir tenté en vain au cours des dernières 24 heures de trouver des réponses à leurs questionnements auprès des services du secteur urbain d'El-Hamri. « Il est tout de même inouï de constater que tout le monde nous fuit comme la peste. On n'est que des femmes après tout. De quoi ont-ils peur ? S'ils sont vraiment dignes des postes qu'ils occupent, pourquoi n'assument-ils pas totalement leurs responsabilités ? Qu'ils nous disent en face : vous n'avez pas droit au logement, ou sinon qu'ils nous donnent nos pré-affectations. C'est vraiment terrible ce qu'ils nous font subir », s'emporte une des manifestantes, avant de s'effondrer en sanglot, devant les regards des passants et des officiers de police chargés de calmer les esprits et de veiller à l'ordre public. Et à une autre d'enchaîner : « On se demande pourquoi aucun responsable ne daigne nous recevoir. C'est notre droit d'être écoutées. Il n'y a pas besoin d'être un génie ou d'avoir fait de grandes études pour constater que nous sommes des sinistrés. Et pourtant, on nous a exclus de l'opération de remise des pré-affectations menée il y a quelques mois. Alors que d'autres, étrangers au quartier, ou encore des célibataires tout juste sortis de l'adolescence ont bénéficié de l'heureux sésame. Le seul prétexte qu'ils ont trouvé pour justifier cette injustice, c'est de le mettre sur le compte de l'erreur. On est devenus alors des cas d'omission'. S'ils admettent que nous avons été injustement omis' qu'est-ce qu'ils attendent pour rectifier leur méprise ? Pourquoi tergiverser ? Pourquoi ce silence ? Pourquoi donner des promesses qu'ils sont incapables d'honorer ? Qui pourrait avoir confiance après tout ça ? » Le ton est grave et sans concession. Et c'est cette crise de confiance qui fait, justement, craindre le pire à beaucoup de gens parmi les oubliés du relogement de Medioni et d'El-Hamri. C'est pour cela qu'ils refusent d'entendre parler de remise des pré-affectations après les élections du 10 mai, car dans leur conception des choses, après cette date, leur voix n'aura aucun écho. Sur cette question précise, de nouvelles assurances ont été données hier aux protestataires selon lesquelles les attestations de pré-affectations seront remises à leurs bénéficiaires « avant les élections » mais « pas avant une semaine ». Ce nouveau délai avancé est justifié par l'augmentation du nombre des pré-affectations à remettre aux oubliés, qui serait « passé de 200 à près de 400 ». Des informations non confirmées officiellement ont circulé ces derniers jours dans les deux quartiers de Medioni et d'El-Hamri faisant état de « la remise imminente » des attestations de pré-affectations au profit des familles en quête de relogement ayant introduit des recours auprès des services concernés. Des informations qui ont coïncidé avec l'arrivée à échéance du délai donné par les services de la daïra pour procéder à cette opération. Des contestations avaient pour rappel éclaté dans le sillage de l'opération de remise de pré-affectations lancée fin décembre dernier de la part de familles ayant estimé avoir été injustement exclues. Ces familles avaient observé plusieurs mouvements de protestation avant que les autorités locales n'aient décidé de recevoir les recours des exclus et ouvrir une enquête approfondie sur les listes des noms retenus qui avait confirmé l'«omission» de plusieurs familles qui avaient droit mais aussi révélé l'existence d'un nombre assez important d'intrus. Au total, 3.959 décisions de pré-affectations étaient initialement promises aux habitants du vieux bâti à Oran, parmi lesquelles quelque 1.984 décisions de pré-affectations destinées aux habitants d'El-Hamri et 705 autres pour ceux de Medioni, soit un total de 2.669.