La franchise en Algérie ne fait pas encore recette. Le concept est même méconnu de nombre d'opérateurs économiques alors qu'il existe depuis plus d'un siècle en Europe et introduit au Maghreb, notamment au Maroc et en Tunisie, depuis des décennies. Pourtant ce concept est un moyen de transférer le savoir-faire, de lutter contre la contrefaçon, de suivre la circulation de l'argent, estime maître Hind Benmiloud. Cette dernière, qui intervenait hier à l'occasion d'une rencontre à l'hôtel Mercure d'Alger, autour de «la franchise en Algérie», a fait savoir que les autorités algériennes sont encore réticentes vis-à-vis de l'idée qui consiste dans l'établissement d'un contrat d'association entre un franchiseur (étranger), détenteur d'une marque ou d'une enseigne, et le franchisé qui est un détaillant indépendant qui bénéficie de l'exclusivité dans son pays. Des textes de lois sont proposés au ministère du Commerce depuis l'année 2008 pour réglementer la franchise en Algérie mais aucune suite n'a été donnée, s'est désolée hier cette avocate, invitée par UBIFRANCE, le centre d'action et de réflexion autour de l'entreprise (CARE) et la Fédération française de la franchise (FFF), organisateurs de la journée d'étude. Les autorités algériennes pensent que la franchise, c'est de l'importation alors que c'est un moyen de créer des entreprises dont le fonctionnement exige de la transparence, ajoute Mme Benmiloud qui souligne que cela est un moyen efficace de développer l'esprit entrepreneurial. Une fois le savoir-faire acquis, de jeunes entrepreneurs pourraient même lancer leurs propres marques et devenir franchiseurs, note l'avocate qui dit avoir consacré beaucoup de temps en Algérie avec d'autres spécialistes, aujourd'hui disparus, pour convaincre du bien-fondé de ce concept qui a rapporté en France à la fin 2011 quelque 49 milliards d'euros. L'avocate pense même que la franchise une fois développée peut être une alternative au marché informel. «Si vous importez une franchise, vous êtes dans l'obligation de rendre public votre chiffre d'affaires chaque mois», dira encore Mme Benmiloud qui soutient qu'il ne peut y avoir ni fausses factures ni surfacturation. Elle soulignera que les règles de transparence sont telles, une fois franchisé, que la bonne gouvernance s'imposera d'elle-même. C'est aussi un moyen rapide de lancer de nouvelles entreprises, dira l'avocate qui note que le «franchisé» apporte plus de garantie que le commerce classique. Il y a un réel intérêt pour le pays à développer notamment la franchise des services, affirme l'intervenante qui avoue toutefois qu'il reste beaucoup de travail de sensibilisation et d'explication à faire pour développer la franchise en Algérie. Pour Alexandre Germain, responsable au sein de la Fédération française de la franchise, le concept est devenu un modèle de développement en Europe alors que le Vieux Continent connaît une crise sans précédent. Il soulignera que parmi les 62.000 franchisés dans son pays, 70% ont pu créer leurs propres entreprises et leurs propres enseignes. 90% des franchises sont restées actives et existent encore après 5 années d'existence en France, dira M. Germain qui fait état d'un chiffre d'affaires de 250 milliards de dollars dans le monde. A noter que des operateurs algériens, à l'image de BKL industries, ont été conviés à présenter leur expérience dans le domaine en Algérie, pays qui n'a pu concrétiser que 5 franchises ces dernières années, à cause du manque de législation et de bureaucratie.