Près de 10 ans après sa première évocation, le projet de réalisation du GIX (Global Internet Exchange) semble avoir été passé à la trappe. Pourtant sa réalisation est d'une «simplicité effarante», pour reprendre les termes d'un expert du secteur des TIC. Les avantages de la mise en place de cette plate-forme physique confiée à une entité administrative, l'ARPT, ne sont plus à démontrer. Faut-il voir une volonté politique de ne pas aller vers une optimisation de l'Internet ? Le projet de réalisation d'un programme GIX (Global Internet Exchange) tarde à se concrétiser. Evoqué dans les années 2003-2004 par les providers, repris pour un moment par le ministère de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication (MPTIC), il a été proposé dans le programme e-Algérie et devrait être réalisé par Algérie Télécom. Aux dernières nouvelles, le projet est entre les mains de l'Autorité de régulation de la poste et des télécommunications (ARPT). «Nous travaillons au niveau de l'ARPT pour mettre en place très bientôt un GIX en Algérie pour une meilleure sécurisation de l'utilisation de l'Internet», avait annoncé la présidente de l'ARPT, Mme Zohra Derdouri, en mai 2010. «Et nous n'entendons plus parler de lui depuis l'étape de l'ARPT. Peut-être que le projet a été enterré», ironise un expert du secteur des TIC, lequel ne comprend pas pourquoi il revient à l'ARPT, une entité administrative, de s'occuper d'un site technique (composé de routeurs et de fibre optique interconnectée). «Il n'est pas dans les prérogatives du régulateur de gérer ce genre de système. Il n'est pas outillé pour cela. Aucun pays au monde n'a procédé de la sorte. L'ARPT peut, éventuellement, participer à sa création, sans plus. Le GIX est une entité technique, l'ARPT est une entité uniquement administrative», explique une source très au fait du dossier. Par définition, le GIX est une infrastructure physique permettant aux différents fournisseurs d'accès Internet d'échanger du trafic Internet entre leurs réseaux de systèmes autonomes grâce à des accords mutuels. «C'est un point où tous les fournisseurs d'accès à Internet s'interconnectent pour qu'un internaute algérien, qui veut consulter un site hébergé en Algérie, ne voit pas sa requête faire le tour de l'Amérique avant d'aboutir en Algérie», résume Younes Graar, consultant et spécialiste en TIC. Pour lui, c'est Algérie Télécom qui devrait prendre en charge ce projet, puisque c'est le provider numéro un de par sa qualité d'opérateur des opérateurs en matière de bande passante. Le GIX va aider à promouvoir le «.dz» L'installation d'un point d'échange Internet est utile lorsque le marché est soumis à la concurrence. «Actuellement, son installation est la bienvenue, car il y a plus d'un provider. Malgré le monopole d'Algérie Telecom dans l'ADSL, il existe les providers mobiles, Nedjma et Djezzy, mais aussi d'autres privés tels que Divona, Icosnet et SLC, pour ne citer que les plus proéminents», précise notre source. Les avantages de cette plate-forme ne sont plus à démontrer : gain de bande passante pour les sites hébergés en Algérie et les échanges d'emails intra-muros et plus de sécurité pour les communications à l'intérieur du pays. Le GIX permettra également d'optimiser le débit Internet et d'économiser des devises (moins de bande passante internationale) tout en améliorant la sécurité des données. «Le GIX fera gagner aux opérateurs de l'argent. Ils réduirait les coûts de la bande passante de 20% au minimum», estime le consultant en TIC. Pour notre source, le GIX ne permet pas seulement une réduction des coûts de la bande passante internationale mais accomplira l'essentiel : la promotion du domaine «.dz», en permettant d'accélérer le développement du contenu local. «Nos politiques ne comprennent pas ou ne veulent pas comprendre l'intérêt de la promotion du ".dz". Pourtant c'est l'une des clés qui débloquera le développement des TIC, et une utilisation citoyenne et économique de l'Internet en Algérie», ajoute la même source. Le programme permettra aussi de déterminer l'origine et la destination des flux d'informations transitant dans le réseau Internet sur le territoire algérien constitue-t-il une menace pour la liberté sur le web ? Cette plate-forme de contrôle, estiment certains, ne représente pas une menace de censure étant donné que le GIX repose sur le contrôle du trafic et non sur le contenu. «Ce risque paraît évident dans la mesure où cette plate-forme va concentrer le trafic local. Cette possibilité existe maintenant, car une bonne partie de la bande passante internationale passe par AT», répond Younes Graar.