«Rio + 20», sommet de la Terre, s'ouvre le 20 juin à Rio de Janeiro, au Brésil. Ce rassemblement mondial, auquel devraient participer près de 190 pays, sera placé sous le signe de «l'économie verte». L'Algérie, qui y présidera une délégation des «77 + la Chine», tente d'élargir les mesures destinées à préserver l'environnement. L'Algérie assistera au sommet de la Terre à Rio, où elle préside le groupe des «77 + la Chine», rassemblant aujourd'hui 132 pays en voie de développement. «La tâche est des plus honorables et des plus importantes, mais aussi des plus difficiles, car il s'agit de trouver un consensus et des positions communes», déclarait le 10 juin Kamel Djemouai, sous-directeur des changements climatiques au ministère de l'Environnement et de l'Aménagement du territoire. Les points de négociations sont en effet nombreux : transfert des technologies, coopération entre les pays développés et ceux en développement, nouvelle gouvernance internationale de l'environnement, objectifs du développement durable, etc. Autant de sources de divergences entre les pays largement industrialisés du Nord et les «petits» pollueurs du Sud ; l'Afrique n'émettant que 4% des émissions globales de gaz à effet de serre avec une population près de 12% de la population mondiale. Pour l'Algérie et le groupe qu'elle préside, il faudra avancer sur un terrain nouveau, l'économie verte étant un concept récent. Ce dernier a pris son essor dans le contexte de la crise financière, autour de l'Initiative pour une économie verte lancée par les Nations unies en 2008. Il faut cependant attendre février 2011 et le rapport du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) «Vers une économie verte : Pour un développement durable et une éradication de la pauvreté - Synthèse à l'intention des décideurs», pour trouver ce que veut dire ce concept. L'économie verte est ainsi définie comme «une économie qui entraîne une amélioration du bien-être humain et de l'équité sociale tout en réduisant de manière significative les risques environnementaux et la pénurie de ressources». Elle s'oppose donc à «l'économie brune» reposant sur l'utilisation des ressources naturelles, notamment fossiles, sans se préoccuper du futur. Outre une définition de «l'économie verte», le rapport du PNUE propose des orientations économiques chiffrées. Sur la base de plusieurs études, le PNUE a ainsi calculé que la demande de financement annuelle pour le verdissement de l'économie mondiale se situe aux alentours de 1,05 à 2,59 billions de dollars ; d'où la proposition de consacrer 2% du PIB mondial (1,3 billion de dollars par an) dans le verdissement de dix secteurs clés de l'économie entre 2010 et 2050. MESURES PRATIQUES L'économie verte devrait ainsi promouvoir des revenus et des emplois créés par des investissements qui réduisent les émissions de CO2 et la pollution, améliorent le rendement des ressources, et empêchent la perte de la biodiversité et des écosystèmes. Comment s'appliquent ces principes sur le terrain en Algérie ? Kamel Djemouai, sous-directeur des changements climatiques au ministère de l'Environnement et de l'Aménagement du territoire, affirme qu'en Algérie, «beaucoup d'actions et d'activités permettant une croissance du pays tout en préservant l'environnement et la nature ont déjà commencé». «Le rail électrique, par exemple, est un moyen de transport qui réduit énormément les pollutions, et l'Algérie s'est déjà engagée sur cette voie à travers le programme quinquennal 2010-2014», a-t-il indiqué. L'Algérie est donc contrainte de s'adapter à un phénomène international. «Il est sûr que ces nouvelles perceptions nous interpellent. Il s'agit d'un changement majeur de paradigme et notre pays ne peut pas rester en marge de ce processus», analyse l'économiste Kouider Boutaleb, qui définit trois niveaux d'application de l'économie verte. «A l'échelle internationale s'est imposé un modèle de croissance plus sobre en matière d'utilisation d'énergies. La biomasse, le solaire, l'éolien, sont dorénavant envisagés comme alternatives aux énergies fossiles et l'Algérie ne peut pas ignorer cette transition», explique-t-il. Mais l'Algérie n'est, selon lui, pas en mesure d'appliquer à l'échelle nationale les orientations du programme des Nations unies. «Comment voulez-vous parler d'économie verte alors que l'Algérie n'a même pas d'économie, à cause de l'absence de producteurs», tempête le professeur en sciences économiques à l'université de Tlemcen. Pour Kouider Boutaleb, c'est au niveau des wilayas que les actions cadrant avec l'économie verte ont le plus de chance d'aboutir. Mais, pour cela, les collectivités locales doivent être dotées de moyens financiers et humains suffisants. «Avant de parler «d'économie verte», il faudrait déjà assainir l'économie du pays et avoir une vision sur le long terme», conclut l'économiste.