Un million de copies du film mythique sur la Révolution algérienne, La bataille d'Alger, sera gravé sur CD-Rom et distribué aux élèves des lycées et des collèges au niveau du territoire national. C'est en tout cas ce qu'a annoncé Yacef Saâdi, ex-responsable de la Zone autonome d'Alger historique et producteur de cette fabuleuse oeuvre qu'a signé le défunt Gillo Pontecorvo. Yacef Saadi en a fait l'annonce dimanche dernier au centre de presse d'El Moudjahid lors d'une rencontre hommage aux martyrs Hassiba Ben Bouali, Ali Ammar dit “ Ali la Pointe ”, Mahmoud Bouhamidi, et Omar Yacef dit “ Petit Omar ” tous lâchement assassinés par la soldatesque coloniale. “ Un million de copies du film, La Bataille d'Alger seront distribuées aux élèves et collégiens, à travers le territoire national, en guise de contribution à la vulgarisation de la connaissance de l'histoire ”, a annoncé Yacef Saadi depuis le forum d'El Moudjahid. Une excellente nouvelle pour tous les jeunes qui ont difficilement accès aux livres d'Histoire et qui de surcroît ne sont pas très portés sur la lecture ni sur la chose livresque. La distribution de copies en CD-Rom de ce film permettra à cette jeune génération au moins d'approcher une petite page -importante du reste- de l'histoire de notre Révolution. La bataille d'Alger est sans exagération aucune l'une des rares œuvres cinématographiques qui reproduit de façon aussi authentique que poignante l'épisode de la guerre d'Algérie menée au cœur de la Casbah, fief des moudjahidine au début de la guerre. D'ailleurs le film de cette histoire vraie avec quelques personnages authentiques comme Yacef Saadi lui-même qui a vécu cet épisode en tant que chef de la Zone autonome d'Alger, a été longtemps interdit de diffusion notamment par la France déja en 1966 avant de le censurer de nouveau en 1971. Lion d'Or au Festival de Venise, (1966), primé à Cannes, nominé aux Oscars, ce n'est qu'en 2003 que le film a eu droit de cité sur le petit écran. Après une ressortie en salle aux Etats-Unis et en France en 2004, Arte le diffuse pour la première fois à la télévision. Au cœur de la Casbah les moudjahidine sont pourchassés. Ils résistent jusqu'à ce que le colonel français, Mathieu, (Jean Martin) démasque leur cache. La figure emblématique de la Révolution algérienne, Ali la pointe sera mort dans sa cache qui explosera le 7 octobre 1957 avec deux compagnons de lutte : un enfant, Omar Bouhamadi, et une femme, Hassiba Ben Bouali. Pontecorvo, filme dans La bataille d'Alger des scènes d'anthologie, notamment celles qui se passent dans cette cache, et relate aussi l'insurrection algéroise de 1954 jusqu'à la fin de la guerre. Dans ce film, le réalisateur avait engagé des comédiens non-professionnels. Yacef Saâdi joue son propre rôle et Ali-la-Pointe est interprété par Brahim Hadjaj, un jeune berger analphabète repéré sur un marché. Le film hérite d'un style documentaire, imposé par l'étroitesse des rues de la Casbah qui ne souffraient pas d'autre équipement qu'une caméra à l'épaule. Le noir et blanc renforce cette idée mais La Bataille d'Alger est bien un film de fiction qui n'intègre aucune image d'archives. C'est néanmoins un témoignage historique de poids qui s'ouvre sur une scène terrifiante de torture.