Chaque fois que la machine tombe en panne, c'est le calvaire pour les malades qui attendent leur séance de radiothérapie au centre anti-cancer «Emir Abdelkader» à Misserghine. La réparation de cette panne peut durer des heures, nous disent certains malades. Ces quelques heures d'attente, les patients les qualifient de «torture qui tue». Une situation qui crée souvent un climat tendu au sein du service de radiothérapie. Entre l'impatience des malades déjà épuisés par leur maladie et la colère de leurs proches qui les accompagnent, le service bouillonne parfois. Et difficile pour le personnel médical de calmer les esprits. C'est le cas de cet homme, la soixantaine environ. Il sort du service à bout de nerfs. Ce n'est pas lui le malade mais sa femme qu'il pousse dans une chaise roulante avec sa fille. Son épouse n'arrive pas à parler. Elle vient de subir sa cure et semble trop fatiguée pour prononcer un mot. Il n'arrive pas à maîtriser sa colère lorsqu'il aborde avec nous la prise en charge des malades dans ce service. «De quelle santé on nous parle si le malade doit ramener lui-même des produits exclusivement à utilisation hospitalière ? C'est malheureux cette situation». Une autre proche d'une malade explique, pour sa part, que «pour cette journée, je remercie Dieu. Ma mère vient de faire sa radiothérapie sans problème. Durant les jours précédents, elle a vécu le calvaire. Une fois, c'est une panne technique, le lendemain, il y a beaucoup de monde qui attend. Le jour suivant, c'est le personnel médical qui est en congé. Ce sont les malades qui subissent tous ces désagréments au détriment de leur santé très fragile». Dans la salle d'attente au bloc de la chimiothérapie, l'ambiance est autre. Les proches de malades qui attendaient sur place ont affirmé, sans hésitation, que la prise en charge est correcte dans ce service. «Nous avons eu nos rendez-vous à temps et les séances de chimiothérapie se déroulent dans de bonnes conditions», nous disent près d'une dizaine de femmes dans le hall. Pour avoir des explications sur ces pannes au service de radiothérapie, nous avons demandé à rencontrer le directeur de l'établissement, M. Mohamed Abed. Ce dernier a confirmé qu'effectivement des pannes techniques sont signalées au service. La raison est le nombre très important des malades qui passent chaque jour pour une séance de radiothérapie. «Le service compte deux accélérateurs linéaires de particules. Chaque machine est conçue pour traiter 35 malades par jour. Or, vu que le service couvre 16 wilayas de l'ouest, nous sommes à plus de 60 malades quotidiennement pour chaque accélérateur. Devant ce nombre important, ces équipements chauffent et tombent en panne. Nous sommes obligés de suspendre les séances durant la réparation des pannes techniques». Le premier responsable du centre anti-cancer indique qu'«une pièce de rechange de cet appareil coûte 700 millions de centimes que nous avons payés en 2011». Impossible, donc, dans ces conditions de satisfaire tout le monde. Pour atténuer cette pression, le même responsable souligne que le service sera doté d'un nouvel accélérateur d'ici peu, en plus de deux scanners simulateurs multibarrettes et de deux appareils de curiethérapie pour traiter notamment le cancer du rectum, du sein et du col de l'utérus.