De retour à Bamako la veille de l'expiration du délai fixé à son pays par les Etats de la CEDEAO pour constituer un gouvernement d'union nationale, le président intérimaire malien Dioncounda Traoré a appartement fait accepter aux forces nationales du pays un plan qui devrait rendre possible la réalisation d'un tel exécutif. Pour y parvenir, Dioncounda Traoré a dû donner en partie satisfaction aussi bien à son Premier ministre Cheikh Modibo Diarra contesté par un rassemblement de plus de 140 partis, organisations de la société civile et syndicats qui demandaient sa démission, qu'à ses détracteurs. Le président de transition a en effet rendu public un plan de sortie de crise disposant que tout en conservant son poste, le Premier ministre Diarra n'aura pas la haute main sur le processus qui conduira à la formation du gouvernement d'union nationale. Ce processus est confié à un haut conseil national dirigé par le président intérimaire et ses deux vice-présidents qui géreront le dialogue national dans le cadre d'un conseil consultatif dans lequel toutes les forces nationales seront représentées. Il prévoit également la constitution d'une commission chargée d'engager des négociations avec les groupes armés présents dans le nord du Mali acceptant le principe d'une recherche de solution à la crise malienne dans le respect de l'intégrité de l'unité territoriale du Mali, le nord du pays compris. Le retour de Dioncounda Traoré à Bamako a coïncidé avec la fin du périple effectué par Laurent Fabius, ministre français des Affaires étrangères, qui l'a conduit dans toutes les capitales de la région sahélienne concernées par la crise malienne. L'on peut donc avancer sans risque de se tromper que le plan annoncé par le président intérimaire malien lui a été «suggéré» par Paris dont le chef de sa diplomatie a dû faire cautionner la mouture par les chefs d'Etat de la région qu'il a rencontrés. L'objectif visé par Paris est que se mette en place à Bamako très vite un gouvernement qui aura la légitimité de demander une intervention militaire pour libérer le Nord-Mali occupé par les groupes islamistes armés alliés à Aqmi. Autant l'Algérie est favorable à l'émergence à Bamako d'une autorité nationale malienne légitime autant elle se défie de l'éventualité d'un intervention armée au Nord-Mali à laquelle la France entend manifestement participer en excipant d'une demande que formuleraient les Etats africains qui y seront engagés. C'est très probablement pour tenter d'amadouer les autorités algériennes que Dioncounda Traoré a annoncé dans son plan la création d'une commission nationale en vue de négocier avec certains groupes armés du Nord-Mali. Le MNLA est certainement le groupe armé concerné par cette disposition. Dioncounda Traoré et tous ceux qui ont contribué à l'élaboration de son plan savent parfaitement que l'Algérie fait le distinguo entre les revendications à l'origine de la rébellion de ce mouvement qu'elle juge légitimes et donc négociables et les motivations des groupes islamistes qui sévissent au Nord-Mali. Ce pourquoi elle plaide pour une solution politique qui contribuerait à clarifier la mission d'une éventuelle intervention miliaire en Azawad qu'en tous les cas Alger ne veut pas la voir menée par des forces autres que malienne et des pays du champ.