La prolifération des rongeurs inquiète de plus en plus les habitants de la ville d'Oran. Les Oranais tirent la sonnette d'alarme. Des rongeurs grassouillets dans les ordures éparpillées ici et là, n'hésitent plus à s'approcher des passants, ne les craignent plus et n'hésitent pas à s'attaquer à eux. Il y a quelques jours, une scène a attiré l'attention de quelques passants au centre-ville. Un rat se promenait tranquillement en pleine chaussée au niveau de la rue Larbi Ben M'hdi du côté du quartier Miramar, en plein jour ! Le rat a continué son chemin pour rejoindre son coin habituel, non loin d'une crèche. Une grande partie de la responsabilité incombe aux habitants qui jettent souvent leurs ordures devant les immeubles. Résultat: les ordures ménagères jonchent les trottoirs. Au quartier Esseddikia, dans la majeure partie des rues et ruelles, les rats et les souris « côtoient » les habitants. Le jour, ils sont facilement visibles aux environs immédiats des caves et « le seul fait d'ouvrir la porte de sa maison constitue un véritable danger, car ces rongeurs n'hésitent pas à investir votre habitation pour y installer un refuge » nous dira une habitante du quartier. Outre Esseddikia, cette situation est vécue par d'autres familles dans beaucoup d'autres quartiers de la ville, notamment à Victor Hugo, Ezzitoun, Dar El Hana, l'Usto Même les quartiers huppés n'y échappent pas. Une situation que ces citoyens n'ont pas connue auparavant. « Les rats nempruntent plus les égouts ou le toit, ils rentrent carrément par la porte et se baladent sans risque en pleine rue » assure un habitant de Victor Hugo. Une responsable du service de désinfection de l'APC nous avouera l'incapacité des différents services à faire face à la situation, vu la multiplication des ordures. « Pour le quartier Esseddikia, nous avons effectué deux opérations de dératisation en juin et juillet derniers et nous avons utilisé des dératisants de dernière génération, toutefois les résultats restent en deçà des espérances. Si on veut se débarrasser des rongeurs il faut les affamer. Avec la multiplication des ordures et le non-respect des heures de collecte par les citoyens, les bacs sont toujours pleins, ce qui rend cette mission difficile. Il y a aussi le phénomène de dépôt de pain partout et même à l'entrée des immeubles et au niveau des escaliers ». Notre source ajoute que généralement les rats sont très méfiants et ne mangent pas la nourriture qu'ils ne connaissent pas. Ainsi, lorsqu'ils trouvent à leur disposition du pain ou des fruits dans les bacs à ordures, ils ne mangent jamais les produits dératisants. Pour les pousser à les manger, il faut impérativement les affamer ». Selon d'autres sources, «les différents chantiers en cours, et à leur tête ceux du tramway, ont amené leur lot de désagréments. Ces travaux à ciel ouvert qui mettent le sol « sens dessus dessous » favorisent l'invasion des rats ». Cela se confirme au niveau des quincailleries, particulièrement sollicitées ces derniers temps pour des dératisants destinés à ces rongeurs. En effet, les citoyens prennent les choses en main pour éviter que le phénomène gagne en ampleur. Poison ou pièges à rats, certains vendeurs en quincaillerie disent tout bonnement qu'ils se vendent comme des petits pains. « Ces derniers temps, je vends tout produit permettant de venir à bout des rats et ce, quotidiennement. Je vends, durant une seule journée, jusqu'à quatre à cinq produits anti-rats », affirmera un vendeur dans une quincaillerie. C'est le résultat d'un constat amer. Les quartiers d'Oran se dégradent de jour en jour et sont de plus en plus sales. Les bennes à ordures débordent et les déchets s'accumulent des heures avant que les services d'hygiène ne daignent réagir et vider les poubelles. Outre l'incivisme, notamment le non-respect des heures de collecte, les bennes à ordures ont été saccagées et ne disposent plus de couvercle. Les ordures débordent, pourrissent, empestent et entraînent la prolifération de rats et de cafards. Les campagnes de dératisation, lancées périodiquement par les services communaux d'hygiène, achoppent face à l'envahissement des rats qui trouvent dans les détritus et autres immondices un lieu de prédilection à leur prolifération. Durant les trois dernières années, pas moins de 2.000 personnes ont été victimes de morsures de rats. Les jeunes, notamment les enfants, sont les victimes toutes désignées de ces bêtes nocives. Selon la DSP, le nombre de cas de morsures est passé de 263 en 2004 à 758 l'année écoulée. Une situation qui peut être à l'origine de pires problèmes de santé. A Oran, la peste, provoquée essentiellement par les rats, est d'autant plus présente dans l'esprit de ses habitants depuis qu'une épidémie s'était déclarée, il y a sept années de cela. Ainsi, entre le 4 et le 18 juin 2003, 10 cas de peste bubonique sont apparus dans la localité de Kehaïlia, commune de Tafraoui.