Le cynisme et le culot ne manquant jamais à Israël, les Palestiniens ne sont pas surpris de la nouvelle campagne de propagande intitulée «Je suis un réfugié juif», lancée via Internet par le ministère des Affaires étrangères de l'Etat hébreu, appelant les Juifs nés dans les pays arabes à raconter leur «expulsion». Elle est menée par Danny Ayalon qui se présente, contre l'évidence historique, comme «fils de réfugié juif né en Algérie». C'est le vice-ministre des Affaires étrangères, Danny Ayalon, qui se présente comme le «fils d'un réfugié né Algérie» qui a relancé une nouvelle fois cette campagne destinée à contester les droits légitimes des Palestiniens reconnus par l'ONU. Il s'agit très officiellement de réclamer une indemnisation aux pays arabes et surtout de soulever une fausse question pour tenter d'occulter le drame permanent des réfugiés palestiniens dont le calvaire est une honte pour la communauté internationale. Chiffrant à 856.000 le nombre des Juifs expulsés des pays arabes, Danny Ayalon fait mine d'occulter que la plupart des Juifs ont quitté les pays arabes à la suite d'une politique active de l'Agence Juive. Dans le cas de l'Algérie, les Juifs ont quitté l'Algérie en tant que «Français» dans le mouvement de départ des pieds-noirs consécutif à la terrible politique de la terre brûlée de l'OAS. Le «fils de réfugié d'Algérie» est bien mal placé de présenter son «cas» comme significatif. Il n'y a pas eu d'action de la part des Algériens pour contraindre les Juifs à quitter l'Algérie. Il y a un fait que ces Juifs, devenus français à la suite du décret Crémieux, ont le plus souvent épousé la cause des ultras colonialistes et de l'OAS. Mais, d'une manière générale, la nouvelle campagne il y en a eu d'autres qui cultive le paradoxe d'imputer une politique israélienne de «retour», souvent vantée par l'historiographie israélienne et qui se poursuit d'ailleurs, est imputée aux pays arabes. Et le comble est qu'ils essaient de l'opposer aux Palestiniens. Or, même dans le cas où des expulsions ont existé dans certains pays arabes, les réfugiés palestiniens qui n'ont aucun pouvoir sur ces pays ne peuvent en être tenus pour responsables, ni juridiquement, ni moralement. Mais le racisme étant toujours présent, les officiels israéliens ne parlent jamais de «réfugiés palestiniens» mais de «réfugiés arabes». Alors que les textes de l'Onu parlent de droit de retour des réfugiés palestiniens, Israël a constamment essayé d'allumer des contrefeux. Sur le thème des «expulsions» de Juifs du monde arabe chiffrées à 850.000 entre 1948 - 1951, Israël a estimé les dédommagements à exiger à 6 milliards d'euros. La campagne actuelle consiste donc à faire des Juifs venus du monde arabe et qui constitueraient à faire de la moitié de la population d'Israël des «réfugiés» victimes des Etats arabes. Ces Juifs sont appelés, par Ayalon à poster des témoignages sur une page Facebook créée par le ministre israélien des Affaires étrangères afin «d'aider à redresser le tort» ! ATTAQUER LES DROITS DES REFUGIES PALESTINIENS Des responsables palestiniens ont appelé les institutions arabes et palestiniennes à prendre au sérieux cette campagne et d'y faire face pour défendre le droit des réfugiés palestiniens au retour et aux dédommagements. Pour Mohamed Zidane, président du haut comité de suivi des intérêts arabes dans les territoires occupés en 1948, il s'agit d'une campagne de désinformation et de faire croire qu'il y a des «réfugiés juifs» comme il y a des réfugiés palestiniens. Israël «cherche à mettre les «réfugiés juifs» sur la même balance avec les réfugiés palestiniens». Selon lui, cette campagne est mièvre malgré les moyens de propagande dont dispose Israël car le monde sait qu'il y a une différence «entre ceux qui ont été chassés de force vers les pays voisins et ceux qui sont partis volontairement pour occuper les terres de millions de réfugiés chassés de leur maison par la force et la terreur». Zidane a demandé que les Etats arabes déclarent clairement à travers la Ligue arabe et à travers des organisations de la société civile que les Juifs arabes sont les bienvenus s'ils veulent revenir dans leur pays. Sur le timing de la campagne, il note que la question palestinienne est politiquement en état de gel au niveau international et que la question des réfugiés commence à prendre le devant. Israël s'engage ainsi dans une action préventive. Par ailleurs, Israël est en campagne permanente contre l'existence de l'Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) dont elle veut la disparition car elle perpétue un «problème» qu'il s'agit de cacher ou de faire disparaître.