La journée de lundi a été particulièrement sanglante en Syrie avec le bombardement par l'aviation d'un quartier à Alep qui a fait au moins une dizaine de morts, suivi quelques heures après par un attentat à la voiture piégée dans un quartier près de Damas. Les combats ont atteint un peu partout dans le pays une intensité terrifiante avec des dizaines de morts chaque jour et des quartiers entiers soufflés par les bombardements de l'aviation et l'artillerie lourde. Une situation compliquée, par ailleurs, par l'entêtement des deux parties, opposition et gouvernement, à ne pas cesser les combats. Avec chacune ses soutiens, le régime de Bachar al Assad comptant sur l'appui de la Chine, la Russie et l'Iran, l'opposition sur les pays du Golfe et Occidentaux, Etats-Unis en tête, il est clair que les positions restent difficilement conciliables dans ces conditions. C'est un peu toute 'la quadrature du cercle'' que tente depuis son entrée en fonction samedi de faire comprendre le médiateur de l'ONU et de la Ligue arabe pour la crise syrienne, M. Lakhdar Brahimi. Lundi, dans des déclarations à la radio britannique 'BBC'', il s'est dit inquiet du 'poids de la responsabilité» qui lui a été confiée en raison des difficultés sur le terrain. Il a réaffirmé que sa mission ne peut être menée sans un soutien fort des membres du Conseil de sécurité de l'ONU. «Je suis inquiet du poids de la responsabilité qui m'a été confiée. Je sais combien cela est difficile, combien cela est quasi impossible», a-t-il ajouté. «J'ai rencontré des membres du Conseil de sécurité et tous ont salué ma nomination et le rôle que je dois accomplir, mais je suis conscient des divisions au sein de ce Conseil», a-t-il encore souligné. Dans son agenda, il doit rencontrer dans les prochains jours, probablement samedi à Damas, le chef de l'Etat syrien, avant de rencontrer le chef de la diplomatie russe Serguei Lavrov. Mais, pour lui, 'le besoin d'un changement politique en Syrie est essentiel et urgent», tout en précisant que ce changement ne peut être de façade et qu'il y aurait un nouveau régime. «Je ne connais pas les personnes qui seront dans ce régime, cela va être décidé par les Syriens». LES PAYS DU CCG VEULENT UN TRANSFERT PACIFIQUE DU POUVOIR C'est un peu, par ailleurs, le souhait des pays du Conseil de Coopération du Golfe (CCG), qui ont appelé dimanche à un «transfert pacifique du pouvoir» en Syrie et demandé à «la communauté internationale d'assumer ses responsabilités et de prendre des mesures efficaces pour protéger les civils» en Syrie. Le Conseil, qui regroupe l'Arabie Saoudite, Qatar, Koweit, Oman, Bahrein et les Emirats arabes unis, a proclamé son appui à Lakhdar Brahimi, et lui a rappelé cependant «l'importance d'élaborer une nouvelle stratégie et un plan clair visant à réaliser un transfert pacifique du pouvoir» en Syrie. A Damas où il doit se rendre, M, Lakhdar Brahmi est en fait attendu par le régime. Jihad Makdissi, porte-parole du ministère syrien des Affaires étrangères, a indiqué que 'nous allons l'écouter et il va lui aussi nous écouter». «La question n'est pas personnelle et n'a rien à avoir avec l'émissaire», a-t-il dit, précisant que «toutes les raisons qui ont conduit à l'échec de la mission de l'ancien médiateur international Kofi Annan ne sont pas liées à la Syrie. La raison essentielle était l'absence de consensus au sein de la communauté internationale». Sur le front militaire, les combats n'ont pas baissé d'intensité, avec un bombardement de la ville d'Alep qui a fait plusieurs morts lorsqu'un immeuble habité a été visé par un avion de combat. Les attentats à la voiture piégée se multiplient également avec celui qui a eu lieu pour la seconde fois en moins d'une semaine à Jaramana, une banlieue du sud-est de Damas. Cet attentat a fait au moins cinq morts et 27 blessés civils, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Selon l'agence Sana, «une bombe collée à une voiture par un groupe terroriste a explosé dans le quartier al-Wahda dans la ville de Jaramana, blessant des femmes et des enfants». Une situation qui a fait réagir la Chine qui a fait part hier lundi de sa préoccupation du débordement de violence en Syrie, appelant la communauté internationale à soutenir les efforts de médiation du nouvel émissaire spécial conjoint de l'ONU et de la Ligue arabe, M. Lakhdar Brahimi. «Nous sommes préoccupés par l'escalade du conflit armé, par la détérioration de la situation humanitaire en Syrie et par le très grand nombre de réfugiés dans les pays voisins, ce qui a facilité le débordement de la crise», a indiqué le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Hong Lei. Enfin, les Etats-Unis semblent préparer dans la plus grande discrétion la chute du président Assad. La visite en Turquie depuis dimanche du patron de la CIA, David Petraeus, procèderait de cette logique, selon la presse turque.