Le nouveau médiateur de l'ONU et de la Ligue arabe pour la Syrie, Lakhdar Brahimi, qui s'est dit 'ahuri'' mardi à New York devant le nombre de morts en Syrie, a reçu le lendemain un soutien de taille : l'UE a appelé les membres du Conseil de sécurité de l'ONU (France, USA, Grande-Bretagne, Chine et Russie) à lui apporter «le soutien qu'il demande» pour accomplir sa mission. La chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, a téléphoné à M. Brahimi mardi, et les deux responsables ont évoqué la «priorité immédiate consistant à réduire la violence» dans le pays, selon un communiqué de son porte-parole publié mercredi. «Une coordination étroite et une action diplomatique unie de la part de la communauté internationale sont des préalables au succès» du médiateur, a-t-il ajouté. Devant l'assemblée générale de l'ONU, M. Brahimi avait déploré mardi un nombre «ahurissant» de victimes dans le pays, et a demandé un «soutien de la communauté internationale» à sa mission qui vient de commencer. «Le bilan des pertes humaines en Syrie est ahurissant, les destructions atteignent des proportions catastrophiques et la souffrance de la population est immense», a-t-il ajouté. Pour lui, «le soutien de la communauté internationale est indispensable et très urgent» pour trouver une solution. A condition, a-t-il prévenu, «que tous les efforts aillent dans la même direction». «L'avenir de la Syrie sera déterminé par son peuple et par personne d'autre», a encore précisé M. Brahimi en référence à certaines positions occidentales qui veulent provoquer un changement par la force, négligeant dans le même temps de prendre en considération les réalités sociopolitiques du pays. Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon, qui a critiqué de son côté les pays qui fournissent des armes aux deux parties en Syrie, a lui aussi invité les pays membres de l'ONU à fournir un «soutien uni et efficace» à Lakhdar Brahimi dont la tâche est «impressionnante mais pas impossible». «Pour réussir, il lui faut votre soutien uni et efficace, afin d'aider les belligérants à comprendre que la solution ne viendra pas des armes mais du dialogue», a-t-il lancé. Par ailleurs, le président égyptien Mohamed Morsi a développé de son côté un discours radical en demandant un changement de régime à Damas. Appelant les pays arabes à rechercher la meilleure solution pour ramener la paix et le calme en Syrie, et éviter que le sang des Syriens ne coule davantage, il a notamment souligné, à l'adresse du président Bachar Al Assad, que 'le temps du changement est arrivé». Dans un discours d'ouverture lors d'une réunion ministérielle de la Ligue arabe au Caire, M. Morsi a également appelé Damas à «tirer les leçons de l'histoire récente», ajoutant que «je veux dire au régime syrien qu'il y a encore une chance d'arrêter l'effusion de sang». L'EGYPTE S'IMPLIQUE, PEKIN INQUIET «Le sang syrien coule jour et nuit, et nous sommes responsables. Nous ne pouvons pas dormir tandis que le sang syrien est versé», a déclaré M. Morsi. Même inquiétude de la Chine qui s'est dite mercredi favorable à une «transition politique» en Syrie, récusant cependant les appels internationaux à exercer davantage de pression sur le régime syrien. «Nous soutenons une période de transition politique en Syrie. Nous pensons que la solution doit émaner du peuple syrien», a déclaré le ministre chinois des Affaires étrangères, Yang Jiechi, dans une conférence de presse conjointe à Pékin avec la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton. La solution au conflit «ne doit pas être imposée de l'extérieur», a ajouté M. Yang. Par contre, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a accusé le régime du président syrien Bachar Al-Assad d'être devenu un «Etat terroriste» en commettant des massacres contre sa population civile. «Le régime syrien est devenu un Etat terroriste», a déclaré M. Erdogan, estimant que la Turquie ne pouvait se permettre le «luxe d'être indifférente» au conflit qui déchire son voisin du sud. «Bachar est englouti jusqu'au cou dans le sang» de ses concitoyens, a-t-il insisté devant son parti. Pour le président russe Vladimir Poutine, ce qui se passe en Syrie est en partie la responsabilité des pays occidentaux. A Moscou où elle séjourne, une délégation de l'opposition parlementaire syrienne a estimé que la Russie pourrait exercer des pressions sur les autorités syriennes afin d'aider ce pays à sortir de la crise. Selon Fateh Jamous, qui conduit cette délégation, «la Russie est en mesure d'exercer une influence sur notre gouvernement par le biais de pressions et d'adopter une série de mesures ». Membre de la «Coalition des forces du changement pacifique», il a ajouté lors d'une conférence de presse à l'agence russe RIA Novosti que « l'opposition syrienne légitime espérait que la Russie jouerait un rôle exceptionnel dans la résolution de la crise syrienne ». « Nous considérons que le régime syrien est un régime dictatorial et violent envers son propre peuple », a souligné M. Jamous avant de reconnaître que les autres parties en conflit étaient aussi responsables de la crise syrienne.